Younes Djama mardi 26 novembre 2013 14:12 Nouar Harzallah, PDG de Eepad (Ph. M. Kerrouche) Après une expérience traumatisante en tant que provider de services internet en Algérie, l'entreprise privée Eepad a décidé de se recentrer sur son métier de base : le développement d'applications et de contenus, comme l'enseignement à distance. Le conflit avec Algérie Telecom a failli être fatal pour l'entreprise de Nouar Harzallah. Il en garde une profonde amertume. De 465 employés, le staff de Eepad s'est réduite comme une peau de chagrin : une cinquantaine de collaborateurs, pour la plupart des ingénieurs de haute compétence versés dans le développement de contenus et d'applications innovantes. Echaudé par sa mauvaise expérience en Algérie, Eepad a décidé « d'exiler » on équipe en Tunisie voisine, sous des cieux plus cléments. « L'accès à internet y est de très bonne qualité et surtout, il y a un environnement propre et éloigné de tout conflit », a confié mardi Nouar Harzallah, invité du Direct de Maghreb M, la web radio de Maghreb Emergent. Pour le patron de Eepad, un des pionniers de l'internet à haut débit en Algérie, le conflit commercial avec le monopole public Algérie Telecom à propos d'une créance de 3,8 milliards de dinars réclamée par le groupe public, « a été orchestré » afin de mettre son entreprise hors-jeu. «Cette dette est orchestrée, elle n'a aucune base commerciale car les factures sont inexistantes. Il y a des personnes qui ont orchestré ça, » révèle Nouar Harzallah, sans citer ces personnes nommément. La dette de Eepad est de 1,9 milliards de dinars L'invité de Radio M est convaincu que les difficultés rencontrées par son entreprise ne sont pas liées à une volonté politique d'écarter un provider privé. « Je suis convaincu que cette affaire est liée à des personnes, à un conflit d'intérêts mais je n'arrive pas encore à comprendre cet acharnement », explique-t-il. Le patron de Eepad a ajouté que « ces personnes ont induit en erreur les pouvoirs publics en leur disant que Eepad refuse de payer ses dettes ». Le patron de Eepad a estimé la dette de son entreprise envers Algérie Telecom à 1,9 milliards de dinars. « Nous avons proposé un échéancier de remboursement sur la base de la facturation réelle mais Algérie Télecom a refusé de collaborer, ce qui nous a poussés à aller en justice », ajoute Harzallah. Il en veut pour preuves que les coupures de connexion de plus de 3 heures dont a été victime Eepad « n'ont pas été prises en compte alors qu'elles figurent clairement dans le contrat et Algérie Telecom nous imposait une TVA à 17% alors que la loi de finance 2001 l'avait fixée à 7% », précise-t-il. Volte-face des pouvoirs publics Eepad avait proposé une ouverture de son capital au profit d'Algérie Telécom en guise de règlement de ce conflit. La proposition avait été acceptée dans un premier temps avant que les pouvoirs public ne se rétractent et exigent eux aussi le règlement de 3,8 milliards de dinars. Selon M. Harzallah, la justice a tranché une première fois en 2009, en faveur de son entreprise. Une décision confirmée de manière définitive par la cour suprême en décembre 2012, après que l'expertise ait estimé la dette à 1,9 milliards de dinars. « Mais nous avons perdu 4 années pour rien, ils auraient pu nous laisser travailler en attendant que la justice fasse son travail », regrette-t-il.