Le conflit qui oppose le groupe Algérie Télécom au fournisseur privé de l'internet Eepad va-t-il connaître son dénouement ? C'est le souhait en tout cas de Nouar Harzallah, PDG de l'Eepad, qui a multiplié les démarches pour sauver l'entreprise de l'effondrement. De source sûre, on a appris qu'un groupe d'investisseurs industriels algériens a investi dans le capital. Cette nouvelle équipe a été installée et réfléchit actuellement à formuler des propositions concrètes à Algérie Télécom pour sortir de l'impasse. L'urgence est de renégocier l'échéancier de paiement des dettes avec l'opérateur public reconnu comme un partenaire stratégique. Ce groupe a aussi l'intention de remettre sur la table l'examen du dossier des coupures et de la TVA. Le souci est de sauver les emplois et d'éviter la disparition de l'Eepad. Par ailleurs, la justice a demandé une expertise pour pouvoir statuer définitivement sur ce litige après la plainte déposée par l'Eepad contre Algérie Télécom pour avoir violé des clauses relatives à la nécessité d'assurer « la continuité de service en cas de litige ». Cette affaire a eu des conséquences sur le provider privé : en effet, plusieurs abonnés, estimé par Harzallah à 6000, ont quitté la société et se sont inscrits à Algérie Télécom, car l'accès à Internet pour les entreprises est primordial. S'exprimant sur le conflit Eepad-AT, Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a rappelé que le dossier est entre les mains de la justice et qu'AT a le droit de récupérer son argent. Il donne l'impression de vouloir rester au-dessus de la mêlée, en déclarant à plusieurs reprises que le différend est « purement commercial et doit être réglé entre les deux opérateurs dans le cadre de négociations bilatérales ». Il a affirmé, en outre, après la signature d'un accord entre Algérie Télécom et des représentants de fournisseurs d'accès le 25 octobre 2009, que « nous voulons que l'Eepad reste pour nous accompagner dans le plan d'action du secteur ». Alors que le ministère veut relancer les providers, cette affaire embarrasse. L'Algérie, qui était l'une des leaders de l'introduction de l'ADSL en 2002, a perdu du terrain au profit des pays voisins. Dix ans après l'ouverture du secteur, plusieurs personnes en Algérie sont aujourd'hui exclues de l'internet haut débit. La fracture numérique aggrave les fractures sociales et territoriales. A l'origine de cette inégalité : l'architecture du réseau téléphonique sur lequel s'appuie la grande majorité des accès haut débit. L'Algérie a besoin de multiplier les providers pour rattraper son retard, des providers considérés comme des fournisseurs de contenus et non seulement comme un ensemble de tuyaux interconnectés d'accès à Internet.