Yennayer remonte, selon une hypothèse désormais établie, à la conquête de l'Egypte par Shashnaq 1er, en l'an 950 avant J.C. Il y fonda la XXIIe dynastie. Yennayer correspond également au début du calendrier agricole chez les Amazighs, d'où le fait qu'il est célébré traditionnellement par des rites agraires. Il coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien. Au Djurdjura, à Béchar, dans les Aurès, dans l'Ahaggar de même qu'au Maroc, Yennayer ou Yennar est l'occasion de fête, de liesse populaire voire d'un carnaval, comme à Tlemcen. Des mets de circonstances sont préparés : couscous au poulet ou simplement du kasbasu, Uftiyen (soupe préparée à partir de poix chiches, de fèves et de pois cassés), de la Talabagat (viande hachée), accompagnés d'un aghaghe (jus), de Tagalla (pain) Tighrifin (crêpes), de gâteaux et autres divers beignets ... toute la famille autour d'un banquet comme en Oranie. Dans certains endroits, le premier jour, Amenzu n yennayer, on ne mange que des produits végétaux : la viande est laissée pour le lendemain. On se gave de fruits secs : figues, raisins, noix, dattes. Au Maroc, dans certains foyers, on mange les sept légumes. C'est aussi l'occasion de s'offrir et d'offrir de beaux habits neufs et autres cadeaux notamment aux jeunes filles, comme dans l'Ahaggar. Dés l'approche de Yennayer, comme pour bien l'accueillir, on repeint l'intérieur des maisons, on nettoie, on change tout ce qui est vieux et usé notamment le support de l'âtre (inyen) etc. Il est bien lorsque arrive Yennayer que toute entreprise soit terminée : par exemple, un ouvrage sur le métier à tisser. Yennayer, c'est surtout l'occasion de certains rites : ici et là, des genêts, uzzu, sont déposés sur les toits des habitations (afin d'empêcher la malédiction d'entrer dans les foyers) ... Yennayer, c'est l'occasion, d'une part, d'un retour à la terre mère nourricière, et, d'autre part, d'une communion populaire. Fête traditionnelle, trois fois millénaire, Yennayer, fête du jour de l'an berbère célébrée dans toute l'Afrique du Nord, en même temps et régulièrement, gagnerait à être inscrite dans l'agenda officiel au même titre que les autres fêtes dites légales. (Extrait de la revue Abc Amazigh, n°37, et de Abc Amazigh : une expérience éditoriale en Algérie, volme 1, de Smaïl Medjeber, ouvrage édité à Paris par L'Harmattan)