Affaissement du tunnel de Djebel El Ouahch (Constantine) Le tronçon maudit de l'autoroute Est-Ouest El Watan le 04.01.14 L'ampleur des dégâts a surpris tout le monde au point de porter un sérieux coup au moral des troupes au sein de la Cojaal L'effondrement, mercredi dernier, d'une partie du tunnel 1 gauche de Djebel El Ouahch en cours d'excavation sur le tronçon de Constantine de l'autoroute Est-Ouest, a été un coup très dur pour les Japonais de la Cojaal, déjà en course contre la montre et contre les difficultés du terrain pour livrer cette partie dans les délais. L'ampleur des dégâts a surpris plus d'un. On affirme même que cela a porté un sérieux coup au moral des troupes au sein de la Cojaal. «On s'attend toujours à des glissements de terrain lors de ce genre de travaux, surtout que nous avons eu à faire face à plusieurs situations que nous avons pu régler lors du creusage du tunnel 1 droit, mais pour cette fois-ci, le problème est plus sérieux», affirme un ingénieur de la Cojaal, qui précise qu'il ne restait que 130 m à creuser pour achever le tunnel gauche. Un technicien japonais rencontré sur place nous a avoué que jamais il n'a connu pareilles difficultés que celles rencontrées sur ce tronçon «maudit» en trente ans de carrière. Il faut faire un tour du côté supérieur de Djebel El Ouahch, où se trouvent les lacs situés juste au-dessus du tunnel, pour se faire une idée. «La déformation de la chaussée était telle qu'on avait pensé à un tremblement de terre», nous a déclaré un témoin de la scène qui était présent avec sa famille sur les lieux dans l'après-midi de mercredi dernier pour passer un moment de détente qui a été suivi d'une grande panique. Le premier constat établi par les services de la Protection civile de Constantine fait état d'un effondrement du sol dans le vide creusé du tunnel 1 gauche. Selon les mêmes services, cet effondrement a provoqué des fissures importantes, d'une profondeur de 5 à 10 cm en plusieurs endroits dans les murs et le plafond du tunnel 1 droit, qui a été ouvert à la circulation il y a quelques mois, avec détachement de blocs de béton au niveau de certains points. C'est la raison pour laquelle il a été décidé la fermeture des deux tunnels, ainsi que l'accès à l'autoroute Est-Ouest, entre El Méridj du côté sud et Zighoud Youcef du côté nord, avec déviation de la circulation automobile. Installation d'une commission d'experts Arrivé jeudi matin à Constantine, le ministre des Travaux publics, Farouk Chiali, a constaté sur place l'ampleur des dégâts, même s'il a tenté d'être rassurant face à la presse. «Un constat préliminaire nous permet de dire qu'il s'agit d'un phénomène naturel prévu et possible dans ce genre de réalisations des travaux publics», a-t-il déclaré. Il annoncera l'installation d'une commission technique composée d'experts, dont deux étrangers, un Italien et un Canadien. «Cette commission sera chargée d'analyser les causes de cet effondrement et savoir ce qui s'est passé exactement afin de nous permettre de prévoir les disposions à prendre pour les deux tunnels de Djebel El Ouahch», a-t-il expliqué. Du côté japonais, on commence à faire des investigations pour mieux comprendre ce phénomène, et mettre en place un plan pour faire face à cette situation. L'on saura ainsi que les travaux se poursuivront normalement sur le tronçon de Skikda qui connaît une cadence améliorée, en attendant les résultats de l'expertise sur les tunnels. Toutefois, tous les spécialistes s'accordent à dire que la fermeture des deux tunnels aura une conséquence directe sur les délais de réception de cette partie fixés pour 2015, après plusieurs annonces faites en grande pompe par l'ex-ministre, Amar Ghoul. Les grands bides de Amar Ghoul Depuis l'entame des travaux à Djebel El Ouahch, le tronçon a été un morceau très dur pour les Japonais. En plus des problèmes liés à la nature du sol argileux et instable, avec des tunnels à creuser au-dessous des lacs, ce qui a causé des infiltrations d'eau, les responsables de Cojaal ont dû affronter d'autres contraintes administratives et financières qu'ils n'ont pas hésité à soulever à maintes reprises, face à l'intransigeance de l'ex-ministre des Travaux publics qui n'a cessé d'avancer des dates pour la réception de cette partie, au moment où les travaux traînaient encore. Lors de la visite à Constantine de Abdelmalek Sellal, en février 2013, Amar Ghoul avait soutenu devant la presse que «l'Etat a respecté ses engagements envers Cojaal qui devra, elle aussi, accélérer la cadence des travaux». Le Premier ministre s'adressera au responsable de Cojaal en ces termes : «Je vous donne jusqu'au mois de mars pour achever les travaux, sinon vous allez vous faire hara-kiri.» Finalement le versement des sommes dues aux Nippons ne se fera que le 12 mars, selon des sources de l'Agence nationale des autoroutes, mais le problème ne sera guère réglé au vu des dettes accumulées par Cojaal envers ses prestataires de services et autres sous-traitants. Ces derniers, non payés depuis des mois, ont décidé de paralyser les travaux en mai dernier. Une situation qui a mis dans la gêne aussi bien les responsables de Cojaal que les autorités algériennes. Même après le règlement des problèmes financiers, le chantier avançait lentement. Il faudra attendre longtemps l'ouverture du tunnel droit de Djebel El Ouahch. Une ouverture faite sous la pression des automobilistes à cause des problèmes de circulation dans la ville de Constantine, mais l'accès sera interdit aux poids lourds pour des raisons de sécurité. Le tunnel n'étant pas encore doté des équipements d'aération, de télésurveillance et de secours. Avec l'incident du nouvel an, les usagers de l'autoroute devront attendre encore des mois pour pouvoir emprunter ce tronçon de Djebel El Ouahch, avec deux tunnels de 1900 m de long chacun, dont la réception est prévue au courant de l'année 2015, selon Farouk Chiali, alors que lors d'une visite à Constantine le 14 août dernier, Amar Ghoul avait affirmé devant la presse que «la livraison des deux tunnels de l'autoroute Est-Ouest, en l'occurrence Djebel El Ouahch et Aïn Bouziane, est une affaire de quelques jours».