En dépit de leurs limites morales, politiques et intellectuelles, nos caporaux savent qu'ils ne peuvent plus exercer le pouvoir qu'ils détiennent depuis 1958. Désormais, ils veulent passer le témoin. Les militaires, plus que tout le monde et mieux que quiconque, savent que le système tire à sa fin. C'est la fin biologique du régime. Partout à travers le monde, les régimes autoritaires ont rendu l'âme, dans la violence ou dans la transition démocratique pacifique. Les caporaux veulent restituer l'Etat à la nation. Les bruits de conflits au sommet de l'Etat, l'armée qui pour la première fois de l'histoire n'a pas de candidat, les grandes coalitions politiques de mercenaires et scélérats autour d'un homme cliniquement mort ...sont autant de preuves que nos caporaux veulent passer la main à un pouvoir civil et politique. Ils veulent réaliser cette opération sans règlements de comptes, sans remettre sur le tapis les drames et les douleurs qu'a causés leur règne autoritaire et absolu au cours de ces cinquante dernières années. Mais en face d'eux, il n'y a pas d'interlocuteurs. Et s'il en existe, ils ne font pas l'unanimité au sein de tout monde, parce que tout le monde pense être l'interlocuteur idéal...La vanité chez l'ignorant est ce qu'il y a de plus naturel. Hamrouche peut-il rassembler autour de lui toutes les forces vives de la nation pour réaliser le changement et assurer la transition démocratique tant souhaitée par les uns et les autres ? Oui ! C'est une personnalité qui a le soutien d'une grande partie de l'opposition, aussi bien parmi les démocrates que parmi les islamistes. Oui ! C'est un homme du système au même titre que Mehri, Taleb Ibrahimi, qui peut offrir des garanties pour une sortie honorable aux militaires, sans casse, sans violence et sans effusion de sang. Que voulons nous au juste, le changement, succéder au pouvoir actuel par delà la volonté du peuple ou maintenir le statu quo par la confusion et l'anarchie parce qu'on a peur de perdre des privilèges, des positions qui donnent des illusions d'optique au peuple ? Qu'est ce qui nous empêche de nous rassembler autour de Hamrouche et saisir cette opportunité historique qui ne risque pas de se répéter une seconde fois, pour consacrer et inscrire à tout jamais la citoyenneté sur tous les édifices publics et permettre à l'algérien de prospérer, de grandir sur le chemin de la démocratie ? Les gens qui n'ont pas confiance en Hamrouche, que proposent-ils concrètement au peuple qui veut le changement, quelles sont leurs capacités de mobilisation et qu'inspirent-ils aux caporaux confrontés au dilemme de leur existence ? Si Amara Benyounes, Amar Ghoul et trente trois autres partis inconnus se sont mobilisés autour de Bouteflika dans l'incapacité de gouverner en exhortant l'armée de garder le pouvoir qu'elle détient illégitimement depuis 1958 à ce jour, qu'est qui nous empêche de nous rassembler comme un seul homme autour de Hamrouche et dire aux caporaux : on prend la relève conformément aux résolutions de la Soummam et aux principes fondateurs de la Proclamation du 1er novembre 1954. Qu'est ce qui empêche le FFS, la majorité du FLN, Rachad, le FIS, le FCN, une grande partie de la presse, Ali Yahia Abdenour,Samraoui , Addi Lahouari, Salima Mellah, les intellectuels authentiques et patriotes de se rassembler autour de Hamrouche, de décrisper le climat tendu dans lequel nous vivons depuis toujours et de négocier une sortie honorable de l'armée de l'espace politique ? Est-ce que nous unir et discuter dans l'ordre moral et intellectuel nos différences serait-il une trahison de soi, une apostasie, un renoncement à Dieu, à la Providence et au destin ? Va-t-on pleurer tout le temps comme des femmes sur des forums ce que nous avons toujours refusé de construire comme des citoyens, comme des patriotes ayant le sens des responsabilités civiques et morales ? Allons nous commettre éternellement les mêmes bourdes que nos ancêtres et nos parents qui nous ont coûté tant de siècles de colonisation, d'humiliation, d'asservissement et ont fait prolonger la présence française de plusieurs années sur le sol algérien ? Ces penseurs autoproclamés qui ne parlent que par postulats, prétendent honorer l'intelligence, renforcer l'unité du peuple par leurs écrits et leur démarche. Outre qu'ils se sont faits dépositaires de la « pensée algérienne », ils déclarent à tout bout champ avoir construit partout ou ils sont passés des statues à la liberté, à la justice, à la vérité, au savoir, à la science, à l'identité, à l'Islam, à la paix, au talent, à l'art, à l'aptitude, au sacrifice, à la tolérance, à la réconciliation...Mais dés qu'une proposition concrète et réelle voit le jour et va dans le sens de leur littérature habituelle, ils commencent par ameuter et nourrir le citoyen de colère et de haine en lui faisant croire et sentir la menace d'autres tragédies, d'autres charniers, de murs de cadavres de femmes et d'enfants innocents, de bataillons de disparus...Et c'est à peine s'ils tonnent pas à haute voix cette terrible phrase : « Vaut mieux cet ordre établi qui touche à sa fin biologique et qui risque de tout emporter avec lui qu'une initiative hautement patriotique dont on n'est pas les artisans ! » Si Hamrouche est un être obscur qui n'inspire aucune confiance, si Ait Ahmed (auquel nous souhaitons un prompt rétablissement) est un dictateur qui a l'art de tout rater, Si Addi Lahouari est un imposteur, si S Hadjres est sénile, si Taleb Ibrahimi est un compagnon fidèle de Boukharouba, si Djeballah est un mercenaire, si Rachad est à la solde du Qatar, si le FCE est d'inspiration hachaniste...ou doit-on aller chercher dans ce cas la solution pour mettre un terme à cette crise qui a mis en ruine toutes les institutions de l'Etat et qui menace le pays d'écroulement ? Ces disciples de la stratégie de l'illusion savent que sans la confiance aucune initiative n'est possible, aucun dialogue ANP- partis politique n'est possible...Toute leur politique se résume à la diffusion et à la généralisation de la suspicion et à condamner chez l'ALGERIEN l'espérance d'être un citoyen totalement affranchi, libre et confiant non pas dans ce qu'il entreprend, mais dans ce que les autres lui proposent pour aller de l'avant, pour rattraper le temps perdu.