http://www.algerieinfos-saoudi.com/ 7 Juin 2014 Publié par Saoudi Abdelaziz Comme on le constate dans l'actualité, avant et après la présidentielle, encore une fois, le débat sur la nécessaire refondation politique algérienne est tiré « vers les hautes sphères ». Il l'a toujours été depuis qu'en novembre 1988, Chadli avait engagé la « première transition », dont le chef de la SM d'alors, Lakhal Ayat, dira plus tard avec ironie, paraphrasant le prince de Salina : « On a tout changé pour que rien ne change ». Qu'est qui n' a rien changé en Algérie sur le plan politique, après octobre 1988 alors que « l'impertinence » était offerte, subventions à l'appui, aux nouveaux journaux « indépendants »: ils pouvaient tout dire, à condition de ne rien dire d'important sur les dessous des cartes. Qu'est ce qui n'a rien changé en Algérie? Le peuple est toujours maintenu à l'écart de l'action politique sur les enjeux qui concernent son sort et celui du pays. Cette mise à l'écart est désormais provisoirement assumée par les Algériens de tous bords, qui, échaudés, refusent collectivement leur assentiment aux clans et fractions qui ont menés à la fitna. Elle est si profondément intériorisée dans les postures et comportements apparents des Algériens que de multiples thèses ont fleuri, notamment depuis trois ans, fondés sur le postulat que le peuple a été « acheté » et « émasculé » par la rente. Ce tour de passe-passe conceptuel est transformé en évidence éditoriale, dans des médias « indépendants » nourris par l'impuissance des fractions dissidentes de l'establishment, chroniquement incapables de suciter la mise en mouvement populaire en leur faveur de leurs « initiatives politiques ». Pendant ce temps les services de protection de l'ordre établi font leur métier, à en l'absence d'une vrai dénonciation par les médias qui sont branchés sur les « événements » choisis par les services. Pauvres militants de Barakat. Ils ont servi de parfait repoussoir pour que le; pouvoir démontre le caractère dérisoire de l'action politique publique de masse. Exit les interdictions entraves et provocations contre des rassemblements pacifiques qui pourraient préparer les Algériens à l'action politique, exit les corsets aux libertés concrètes d'associations accordés au wilayas. Exit l'action sournoise et toujours présente des officiers traitants et autres des « organisateurs » d'émeutes. Emeutes plus souhaitées que les pacifiques assemblées de salariés ou de chômeurs, de demandeurs de logements, de défenseurs de l'environnement, d'étudiants en mal de réformes et de condtions d'études décentes. Exit les investigations sur les méthodes qui ont canalisé la classe politique dans les méandres des luttes internes du système. Exit la mise à nu médiatique persévérante et pour relayer les initiatives des citoyens contre la culture de la corruption, impulsée dans les administrations publiques depuis « le haut » par les factions et les clans, pourrissant la vie des Algériens et les obligeant à s'humilier. Tout est fait pour maintenir le peuple à l'écart. Pendant ce temps, les prètres-experts médiatico-politiques, lancent leurs anathèmes contre la malédiction de la rente, baignant les Algériens dans cette culpabilité, qui jette le doute voire excommunie toute demande sociale de mieux vivre. Si une transition doit être organisée, c'est d'abord celle qui permettra de libérer politiquement le peuple algérien des barrières de l'atomisation qui le paralyse et le pousse à l'attentisme, au détrioment de l'intérêt commun. Sans attendre que les états-majors qui s'agitent autour du pot de miel ne trouvent une nouvelle combine pour qu'encore une fois tout changer afin que rien ne change. Cette combine qui ne marchera pas, car le peuple algérien voit, écoute, comprend car il reste toujours vivant, en dépit des prêches élitistes enfermés dans leur lithanie en boucle. Pour cette vrai transition par le bas, les Algériens devront bien se dire qu'il n'y pas grand chose de décisif à attendre d'en haut, sauf à espérer que les courants les plus sincérement rénovateurs s'éloignent des vertiges du sommet pour se remettre sincérement « à l'écoute de la base ». Quant aux forces politiques réellement indépendantes…