Le 21 août 1993, nos deux frères KHALEF Abdallah, dit Kasdi MERBAH, ancien chef du gouvernement, KHALEF Abdelaziz, médecin, notre neveu KHALEF Hakim, universitaire, ainsi que leurs deux compagnons NASRI Abdelaziz et AIT-MEKIDECHE Lhachemi, ont été froidement assassinés à Bordj-El-Bahri par un commando suréquipé et surentraîné, ne laissant aucun doute sur sa nature véritable. L'enquête qui s'en est suivie a été bâclée, voire carrément viciée et détournée, si bien que très vite, nous avons assisté à l'interpellation de pauvres hères de la région aussi vite accusés de ce crime abject. Ni autopsies, ni auditions, ni étude balistique, ni recherches approfondies n'ont été effectuées, à l'image de ce qu'il s'est passé pour d'autres assassinats non encore élucidés. Le procès qui a été alors organisé – une parodie – visait essentiellement à évacuer une affaire jugée encombrante et surtout très embarrassante. Régulièrement, nous nous sommes adressées à la plus haute autorité politique de l'Etat pour revendiquer une enquête judiciaire sérieuse, à même de jeter la lumière sur cette atrocité et confondre les véritables auteurs et commanditaires de ce forfait lâche et infâme. En guise de réponse, nous n'avons eu droit qu'à un silence épais et pesant, certainement embarrassé, mais que nous percevons comme un déni de justice, une forme de mépris et de dédain. Les dirigeants qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies, à quelque niveau que ce soit, doivent savoir qu'ils peuvent continuer à faire la sourde oreille, mais que nous ne renoncerons jamais à notre droit imprescriptible de revendiquer la vérité sur ce qu'il s'est réellement passé. Notre détermination est inébranlable. En ce vingt et unième anniversaire, notre seule exigence porte sur l'ouverture d'une véritable enquête judiciaire menée par des juges d'instruction indépendants et intègres, ayant les coudées franches dans toutes leurs investigations et pouvant bénéficier de notre concours, si modeste soit-il, en notre qualité de partie civile jamais entendue à ce jour, enquête devant déboucher sur la révision du procès de ce quintuple assassinat politique. D'autant que les langues commencent à se délier et que de hauts responsables dont certains, encore en vie, sont désignés du doigt. Le concept éhonté et immoral, énoncé par de pseudo-intellectuels proches du pouvoir, selon lequel « la raison d'état doit prendre le pas sur la justice due à tout un chacun », traduit une dérive extrêmement dangereuse, servant des intérêts personnels étroits et menant à des abus inqualifiables. Que ceux qui ont manigancé pour échapper à la justice et à la tenue d'un procès public cessent de se faire des illusions et qu'ils sachent surtout qu'aucune amnistie ne saurait les absoudre de leurs crimes. Alger, 21 août 2014. KHALEF S. KHALEF M. KHALEF D.