Le mois de février a été marqué par la poursuite de la répression avec une vague d'arrestations de jeunes citoyens dont le seul tort est de réclamer du travail et des conditions de vie décente. Elle touchera principalement des chômeurs du sud du pays. Ils seront condamnés suite à des procès iniques, généralement à des peines de prison ferme. Ce mois de février sera également marqué par la poursuite de la contestation pacifique de nos compatriotes d'In Salah contre l'exploration du gaz de schiste, mouvement entamé début janvier 2015 et marqué par une farouche détermination des citoyen(ne)s à mener cette lutte pacifique pour la sauvegarde de leur région. 04 février 2015 : Procès au Tribunal de Laghouat de Belkacem Khencha et de ses 07 compagnons (Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader), arrêtés suite à un sit-in de solidarité avec leur compatriote Mohamed Rag de la coordination des chômeurs et accusés d'attroupement illégal. Quatorze avocats venus de différentes régions d'Algérie assureront bénévolement leur défense. Le Parquet avait requis 2 ans de prison ferme à leur encontre. L'affaire a été mise en délibéré pour le 11 février. 09 février 2015 : Enlèvement du jeune Ali Attar devant un cybercafé des Anassers par 8 civils venus à bord de 3 véhicules banalisés. Son domicile sera perquisitionné par des individus se réclamant des services de sécurité de Bouchaoui. Aucun document judiciaire ne sera présenté lors de l'arrestation et de la perquisition du domicile familial. Il réapparaitra 9 jours après son enlèvement et sera présenté au procureur puis au juge d'instruction qui le mettra sous mandat de dépôt pour « affaire de terrorisme ». 11 février 2015 : Tribunal de Laghouat : Verdict du procès inique de M. Mohamed Rag, militant du Comité National pour la Défense des Droits de Chômeurs (CNDDC), arrêté le 22 janvier 2015 et jugé le 04 février dernier : 18 mois de prison ferme pour avoir revendiqué son droit au travail. Lors de la même séance Mrs Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader ont été condamnés à 1 année de prison dont 6 mois fermes. 12 février 2015 : Prison de Laghouat : Mrs Rag Mohamed, Mrs Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader, condamnés arbitrairement la veille à la prison ferme, décident d'entamer une grève illimitée de la faim pour dénoncer leur procès inique et leur détention arbitraire. 20 février 2015 : Khencha Belkacem et ses huit compagnons incarcérés à la prison de Laghouat, après 9 jours de grève de la faim et une nette détérioration de leur état de santé ayant nécessité leur transfert à l'hôpital, décident de mettre fin à leur grève après la visite du procureur et la promesse de fixer rapidement la date du procès en appel. Effectivement, ce dernier est fixé au 11 mars 2015. 21 février 2015 : De jeunes activistes des droits de l'homme appellent à un rassemblement à la Grande Poste d'Alger pour exiger la libération de Khencha et de ses compagnons. Un impressionnant dispositif policier est mis en place dès l'aube. Des arrestations préventives sont opérées. La tentative de rassemblement d'une dizaine de jeunes est violemment réprimée. 24 février 2015 : La police empêche violemment le rassemblement de quelques dizaines de citoyens à la Grande Poste d'Alger à l'appel de la Coordination nationale pour la transition démocratique, en soutien aux populations d'In Salah, contre le gaz de schiste. Des blessés sont à déplorer et ne quarantaine de citoyens sont arrêtés et emmenés vers différents commissariats de la capitale. Ils seront libérés en fin d'après-midi. 25 février 2015 : Mme Netache Fatiha dite Oum Amine, 67 ans, mère de disparue est arrêtée au commissariat de Bachdjarah où elle s'était rendue pour déclarer la perte de son téléphone portable, sous prétexte qu'elle faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. Elle sera transférée à la brigade de gendarmerie avant d'être relâchée dans l'après-midi. Un groupe de 08 citoyens de la région de Biyadha (El Oued) dont Missa Ferhat, a organisé un rassemblement devant la daïra de la localité pour réclamer des bâches en plastique, afin de couvrir les toits de leurs domiciles suite aux inondations. Ils seront arrêtés et gardés à vue au commissariat. Missa Ferhat sera accusé d'offense à fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions et attroupement non armé. Les 7 autres (Messaoudi Kouider, Mesbahi Hadi, Missa Amine, Mesbahi Saïd, Missa Abdelhamid, Aroua Badreddine et Ahfouda Kouider) seront accusés d'attroupement non armé. Leur procès est fixé au 2 mars 2015 au tribunal d'El Oued. 28 février 2015 : La gendarmerie charge les manifestants à In Salah, alors que ces derniers observent depuis près de 2 mois des sit-in pacifiques. Cela s'est produit lorsqu'un groupe de jeunes s'est approché du lieu où Haliburton explore le gaz de schiste. De nombreux blessés sont à déplorer. Dans la soirée les gendarmes brûlent les tentes de la place Essoumoud et détruisent tout sur leur passage. Malgré ces provocations et cette répression, les citoyen(ne)s d'In Salah restent stoïques et ne répondent pas par la violence. Nous ne terminerons pas cette revue des atteintes aux droits de l'homme sans rappeler que notre compatriote Abdessami Abdelhaï, correspondant de l'ex- journal Jaridati, croupit en prison depuis le 18 août 2013, sans jugement. Il est accusé d'avoir aidé le directeur de son journal à quitter clandestinement l'Algérie vers la Tunisie, accusation que refute Mr Abdessami. Tout comme notre compatriote Youcef Ould Dadda croupit en prison depuis le 27 mars 2014, après sa condamnation en appel à 2 ans de prison ferme, pour avoir diffusé une vidéo montrant des individus en tenue de policiers, dévalisant un local commercial. Cellule des Droits de l'Homme du CCD Février 2015 * facebook * twitter