Après dix jours de grève de la faim, les chômeurs et militants antigaz de schiste, détenus à la prison de Laghouat, ont décidé, jeudi passé, de geler leur grève de la faim, a-t-on appris auprès des organisations locales des droits de l'Homme. Ce qui a motivé leur décision, selon des indiscrétions, c'est la visite que le procureur de la République leur aurait rendue jeudi passé. À croire un membre du comité de soutien de Laghouat, le procureur leur aurait promis d'avancer la date de leur procès en appel au 11 mars prochain. "Une information qu'il faut prendre au conditionnel", selon Me Ahmine Noreddine, membre du collectif des avocats de la défense et très actif dans le Réseau des avocats pour la défense des droits de l'Homme (Raddh). Selon l'avocat, les visites rendues à des détenus par des procureurs de la République sont courantes. Toutefois, l'avocat rendra visite aux détenus demain, dimanche, et il confirmera ou infirmera l'information faisant état du gel de la grève de la faim par ses clients. "La dernière fois que je les ai vus, ils étaient déterminés à continuer leur grève de la faim", a ajouté la même source. Par ailleurs, l'état de santé de ces détenus continue de se dégrader, selon leur entourage. Plusieurs d'entre eux ont été transférés en urgence à l'hôpital de Laghouat. Jusque-là, leurs familles ont organisé deux actions depuis l'annonce du verdict. Pour rappel, poursuivis pour attroupement afin d'influencer des décisions de justice, les huit détenus à la prison de Laghouat, se réclamant militants des droits de l'Homme et des chômeurs, avaient été condamnés à 6 mois de prison ferme et 6 mois avec sursis, en plus de 5 000 DA d'amende. Dès le prononcé du verdict, le 11 février dernier, ils ont entamé une grève de la faim, pour dénoncer les peines que la justice à prononcées à leur encontre. Il s'agit de Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Benkouider Faouzi, Bensarkha Tahar et de Djaballah Abdelkader. Un comité Solidarité Khencha s'est vite constitué et des ONG internationales ont exigé la libération immédiate des détenus. Ainsi, la Fédération internationale des droits de l'Homme, le Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme et l'Organisation mondiale contre la torture ont dénoncé l'"arrestation arbitraire", ainsi que le harcèlement judiciaire dont ces détenus font l'objet en ce que "leur détention ne semble viser qu'à sanctionner leurs activités de défense des droits de l'Homme". Les trois ONG avaient également exigé la libération "immédiate et inconditionnelle" des militants emprisonnés. Quant au mouvement Barakat, il a appelé à une protestation aujourd'hui samedi, à la Grande-Poste, à Alger, en guise de solidarité avec ces détenus. B .A.