Le cauchemar de l'insécurité continue avec la même cadence depuis 2000. Des milliers de foyers Kabyles s'en trouvent terriblement affectés et se sentent abandonnés par l'Etat. Plusieurs faits divers noircissent chaque jour les pages des journaux algériens. Drogue, alcool, harcèlement sexuel, crimes, délinquance routière, parricides, attaque à main armée, embuscade et incursion terroristes...la Kabylie souffre et le sentiment d'insécurité et d'abandon est quotidien. Terrain fertile pour les mouvements séparatistes et les groupuscules occultes qui agissent désormais à visage découvert et dont la nocivité est autrement plus dangereuse que celle des groupes terroristes... Depuis 1990, c'est-à-dire lorsque le terrorisme a fait son apparition en Algérie, la vie de la région a changé d'habitudes. Mais il faut attendre l'année 2002 pour voir la Kabylie sombrer totalement dans la décrépitude morale. Outre les partis politiques qui se sont totalement éteints, ce sont tous les lieux de socialisation qui encadrent et orientent habituellement la vie Kabyle qui volent tragiquement en éclats. Jamais « la mort absurde des aztèques » de Mouloud Mammeri n'a été aussi vraie et vérifiable qu'aujourd'hui. La Kabylie est livrée à elle-même. On sait que la Kabylie est une région rurale ou se sont greffées quelques zones périurbaines et urbaines, occupant à peine 25% des territoires. Beaucoup de villages sont très touchés par un certain oubli sans pour autant être épargnées par les violences à trajectoires multiples. Ainsi, l'augmentation de la délinquance et de la criminalité est très importante dans les zones ou la gendarmerie a gelé ses activités, notamment du fait d'une délinquance itinérante de réseaux mafieux. Avec le niveau de vie qui risque de s'affaiblir avec la chute du prix du baril de pétrole, la situation risque de s'envenimer davantage. D'autant plus, la Kabylie ne sera plus une zone riche protégée, en raison de son taux élevé d'émigrés. Du troisième grand exode (1962-1970) d'émigrés qui permis à la Kabylie de souffler un peu sur le plan social et économique grâce à pensions conséquentes en devises, tire désormais à sa fin ; les émigrés, la région n'en compte plus beaucoup aujourd'hui. Désarmée sur les plans sécuritaire, économique et culturel, la Kabylie qui a déjà perdu le nord risque d'être à nouveau la proie facile de groupuscules mafieux qui n'hésiteront un seul instant à la replonger au cœur de nouvelles tragédies sans nom.