Les dernières descentes terroristes perpétrées dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment à Tadmaït et Beni Aïssi, ont causé des pertes humaines dans les rangs des services de sécurité et des civils. La vigilance des services combinés de sécurité s'est intensifiée surtout durant cette période estivale où les groupes terroristes activant en Kabylie trouvent des conditions favorables à leurs mouvements, le climat clément et l'intensification de la circulation des personnes et des véhicules les aidant à se fondre dans la foule sans être remarqués. La recrudescence des actes criminels inquiète à plus d'un titre la population qui n'abdique pas contre le terrorisme aveugle. Des descentes sporadiques mais macabres Les phalanges terroristes intensifient leurs mouvements pour soustraire le maximum d'argent aux citoyens vivant dans les villages isolés et sur les grands axes routiers. A Draâ El Mizan, dans de nombreux villages, à l'instar de Sanana, Ichoukrene et Maâmar, les terroristes demandent des djizia de 20 000 DA. Les cibles potentielles sont des retraités émigrés. Les éléments de l'ANP ont opéré une opération de ratissage durant laquelle ils ont accroché un groupe armé près de Maâmar mais sans pour autant enregistrer un bilan concluant. Tadmaït, commune située à la lisière du massif forestier de Sidi Ali Bounab, vit sous l'œil vigilant des services de sécurité qui ont renforcé leurs positions ces derniers mois. A Assi Youcef, le même scénario se répète avec des descentes terroristes nocturnes pour l'achat de denrées alimentaires. Un citoyen originaire d'Aït El Kacem a été égorgé la semaine écoulée et son corps a été abandonné dans la montagne. Tout indique que cet assassinat macabre est l'œuvre des terroristes. La population de cette région se souvient toujours de la mobilisation des citoyens autour de la libération de Aami Ali, chose acquise après plusieurs semaines de captivité dans les montagnes du Djurdjura. La mobilisation des citoyens autour de la libération d'un des leurs à Boghni, Iflissen ou encore à Fréha est synonyme d'une réponse à un terrorisme qui a pris de l'ampleur en Kabylie. Les citoyens refusent toute surenchère et atteinte aux libertés individuelles. Les services de sécurité restent mobilisés mais sans dissuader l'activité des sanguinaires. Selon nos sources, ces derniers jours, des terroristes opèrent des descentes dans la ville de Boghni. Les réseaux de malfaiteurs et de soutien aux terroristes travaillent sur le même terrain. Il est utile de rappeler que l'élimination de plusieurs têtes dangereuses en Kabylie, à l'instar de la tête pensante de plusieurs attentats terroristes perpétrés dans les régions centre du pays, dit Sofiane Abou Haïdara, ou Sofiane Fassila sur la route reliant Tizi Ouzou à Boghni et la mise hors d'état de nuire de plusieurs terroristes dangereux à Beni Douala lors d'un raid aérien de l'ANP, il y a de cela des années, n'a pas amené les terroristes à quitter la région. Ces derniers continuent de planifier leurs attentats macabres à partir des casemates parsemées dans les massifs forestiers de Sid Ali Bounab, Boumahni et Yakourène. Connexion banditisme-terrorisme L'activité économique en Kabylie paie le résultat de la multiplication des rapts et des rançonnements des propriétaires d'entreprise et des hommes d'affaires. Aucune stratégie sécuritaire, malgré les nombreuses visites de hauts gradés de l'ANP, n'a pu mettre fin à ce qui est qualifié de vraie mainmise sur le monde des affaires. Certains entrepreneurs paient en silence et ensuite préfèrent fuir la région. D'autres refusent et assument. Un vrai dilemme. Les deux situations ne sont pas à envier puisque le risque sur leur vie est patent. Le banditisme et le terrorisme se mêlent. Des faux barrages ont été dressés sur la route reliant Boghni à Tizi Ouzou. Les gangs volent des voitures et rackettent les passagers. Selon des sources bien informées, au cours de la semaine passée, un entrepreneur de Boghni a été agressé sur la même route et une somme de 210 millions de centimes lui a été subtilisée. Ses agresseurs étaient à bord d'une Renault Express et ont simulé un accident pour qu'il s'arrête. Ils l'ont laissé ligoté aux abords de la route après leur forfait. Notons aussi que sur la route de Takhoukht, près des Ouadhias, plusieurs vols ont été commis sur des passagers. La circulation des hommes d'affaires et des entrepreneurs originaires de la région est devenue risquée. Le payement par chèque peut résoudre le problème de la circulation en transportant de l'argent liquide mais les kidnappings sont toujours de mise.