Zeroual forcé à quitter le pouvoir ? Me Ali Yahia Abdenour témoigne TSA mardi 12 janvier 2016 | Par Hadjer Guenanfa | Entretiens Comment Liamine Zeroual a été contraint de quitter le pouvoir ? Au milieu des années 1990, sous la présidence de Liamine Zeroual, Abassi Madani, qui était en résidence surveillée, m'a appelé pour me demander de remettre une lettre à Abdelkader Hachani qui venait d'être libéré. Il m'a annoncé qu'il allait faire une déclaration à la Radio et à la télévision algériennes demandant aux combattants de l'AIS d'arrêter les hostilités. J'ai remis la lettre à Hachani qui a apporté quelques modifications au contenu. En fait, il s'agissait de la déclaration qui devait être lue par Abassi Madani un vendredi vers 10 heures du matin et qui a été préparée avec le colonel Smail Lamari du DRS. Le texte n'a finalement pas été lu. Abassi Madani m'a appelé et m'a dit : « On m'a interdit de parler à la Radio et à la télévision alors qu'ils étaient d'accord la veille. » Les responsables de l'armée ont décidé que les négociations de Zeroual et de Mohamed Bechine avec le FIS devaient se terminer. Cela mettait Zeroual dans une situation impossible puisqu'il a lui-même mené ces négociations. Il a refusé de s'incliner. C'est ce qu'il l'a poussé à démissionner. Pourquoi les décideurs de l'armée ont-ils pris une telle décision ? Les décideurs de l'armée ne voulaient pas discuter avec le FIS. Pour comprendre cette logique, il faut remonter à l'arrêt du processus électoral. Abdelhamid Mehri (secrétaire général du FLN de l'époque), Hocine Aït Ahmed et les responsables du FIS étaient pour la tenue du deuxième tour des élections. D'ailleurs, la rencontre entre Abdelkader Hachani (cadre du FIS dissous) et Hocine Aït Ahmed (pour discuter du deuxième tour des élections) a eu lieu dans mon cabinet. Même Mohamed Boudiaf déclarait à un journaliste du Jeudi d'Algérie le 9 janvier à partir du Maroc : « Comment l'armée peut-elle se permettre d'arrêter le processus électoral ? Elle a accepté de faire des élections. Le FIS l'a emportée démocratiquement. Il faut le laisser diriger ». Sauf que Khaled Nezzar était contre. Pourquoi le général Nezzar intervient-il aujourd'hui pour démentir avoir proposé le poste de président à Hocine Aït Ahmed selon vous ? Je ne sais pas si Nezzar a proposé le poste (de président) ou pas à Hocine Aït Ahmed. Aujourd'hui, le général Nezzar soulève le problème des janviéristes. En fait, le général Nezzar intervient parce qu'il était non seulement ministre de la Défense nationale à l'époque mais aussi membre du HCE (Haut comité d'Etat), le plus important membre du HCE. Nezzar aurait voulu que le général Toufik reste et assume ses responsabilités comme l'auraient voulu les janviéristes. Après son départ, Nezzar revient pour se défendre et défendre les décideurs de l'armée de l'époque notamment en tenant une conférence de presse. L'autre problème qui se pose est que Bouteflika profite de la situation actuelle en utilisant cette question pour attaquer le janviéristes. Le problème n'est pas fini. Il va y avoir des suites importantes. Le général Touati va appuyer Nezzar. Les anciens dirigeants du FIS vont également intervenir.