Maître Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), est revenu, hier à Alger, sur le parcours du défunt Abdelhamid Mehri, notamment son passage à Sant'Egidio en 1995. Lors d'une conférence organisée par Algérie News, Me Ali Yahia a axé son intervention sur la rencontre de Sant'Egidio, tenue en 1995 entre différentes personnalités et des dirigeants de l'ex-Front islamique du salut (FIS). Selon lui, «Mehri avait la capacité pour chercher une solution pacifique au conflit dans lequel l'Algérie s'était enlisée». «A Sant'Egidio, la plateforme stipule l'arrêt de l'effusion de sang, la mise en place d'un véritable multipartisme et la sauvegarde des droits de l'homme universels. Le mot d'ordre : nul ne peut prendre le pouvoir par la force et nul ne doit le garder par la force», explique-t-il. «A cette époque, on nous a traités de tous les noms, alors que notre seul objectif était de trouver une issue salutaire pour l'Algérie», relate Me Ali Yahia qui ajoute que «Mehri avait une vision, une stratégie et une tactique». Le même orateur raconte que «de retour à Alger, Mehri a été fouillé, son passeport diplomatique confisqué et sa valise renversée. Il a ensuite été limogé du FLN». Ali Yahia Abdennour explique, pour comprendre la spirale de la violence, qu'«il faut revenir au discours de Chadli Bendjedid, prononcé le 25 juin 1990 à Biskra, où il avait affirmé que la tutelle du pouvoir sur les élections est finie». Dans la foulée, il indique qu'«en septembre 1991, Hachani est arrêté. Je demande au juge d'instruction pour quelle raison et il me répond que les ordres viennent des décideurs. Quelques jours plus tard, il me conseille de demander la liberté provisoire pour Hachani, pour que les élections de décembre 1991 se tiennent avec la participation du FIS… Le 12 janvier 1992, le Haut-Conseil de sécurité (HCS) désigne un Haut-Comité d'Etat (HCE) pour gérer le pays… Le 6 septembre 1994, Liamine Zeroual fait venir les dirigeants du FIS, Abassi Madani et Ali Belhadj dans une villa à Alger. Je les ai rencontrés pour trouver une solution et j'ai évoqué la rencontre qui se tiendra à Sant'Egidio. Abassi était contre, sous prétexte que c'était un lieu chrétien, et Belhadj m'a dit si ça peut servir la paix, faites-le même chez le diable». Karim Tabbou, ancien premier secrétaire du FFS, invité à titre de militant, estime qu'«au moment où des parties voulaient continuer dans la violence, des hommes comme Mehri voulaient trouver une issue pacifique». Tabbou témoigne de «la grandeur de l'homme». «Il me disait toujours, poursuit-il, qu'il faut toujours trouver quelque chose de positif chez les gens, car c'est cela qui unit le pays. Il avait un vrai sens de l'éthique politique. Même sa mort est une leçon. Les courants politiques présents à son enterrement prouvent que c'était un homme rassembleur.»