« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » (Article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, adopté par l'ONU le 10.12.1948) Depuis les lumières de l'aube de la Grèce antique, où l'esprit humain en quête d'éthique, édifiait les fondements de la république, en abordant, dans des traités philosophiques1, la nature de la justice dans l'individu et dans la cité démocratique2, la dégénérescence en démagogie et en tyrannie à cause de l'attrait qu'exerce le prestige du pouvoir – à plus d'un titre magnifique – demeure un thème accouchant, dans un relais de gestations tumultueusement utopiques, mille et une critiques ! Le promoteur, à l'américaine, de la Realpolitik n'a-t-il pas, à juste titre problématique, dit que : « le pouvoir est l'aphrodisiaque suprême »3. Ainsi, tout s'explique… !? En dépoussiérant, en sages avec esprit libéral, les sombres images de la nuit coloniale et en feuilletant bon nombre de pages de l'Algérie extirpée des lignes Maurice et Challe, on se souvient « comme si cela datait d'hier », à l'instar des plumes-visionnaires, rien qu'en les évoquant on se sent fier – ne méritent-ils pas plus qu'une prière, chaque fois qu'on daigne se recueillir auprès des pierres, fussent-ils en marbre voire avec des épitaphes en bandoulière, ornant leurs ultimes demeures ! Quel écho avons-nous senti dans les galeries labyrinthiques de notre for intérieur face à la résonance d'outre-tombe ricochant de ces lumières désormais mises en bières... ? –. Dépositaires de la mémoire collective avec tout ce lourd et pénible boulet de bagnard qu'elle tracte comme charges de souffrances miséreuses (depuis les « civilisatrices » enfumades des S'bayehs et Ouled R'yah de Dahra,..., aux « pacifistes » bombardements criminels des mille et une Dachras) et, porteurs, en dignes notaires, des gènes révolutionnaires légués par les ancêtres – de Jugurtha à Zabana –, ils n'ont cessé, tout en « comptabilisant » les martyrs et les blessés, de veiller à entretenir la flamme d'un éveil stressé, jusqu'à en prédire – deux années à l'avance –, par la bouche d'un Comandar, un Incendie révolutionnaire4, dont le bruit ricochant des sabots salvateurs du cheval blanc légendaire, avaient régénère l'âme – que Salan et ses pairs croyaient à jamais domptée et meurtrie – d'un petit Omar chétif, mais aucunement craintif... Le Fils du pauvre, snobant, tel un résistant roc défiant les impitoyables salves des vagues, la misère qui ne cessait de fouetter les ombres faisant office de membres de famille baignant dans la famine, avait fini par prendre les Chemins qui montent, dont l'épopée, que nos mères nous content, nous hante à ce jour et nous enchante. Etant, désormais, conscient de ce que le jour doit à la nuit, il s'était lancé, quoiqu'il fut cadenassé par l'Opium et le Bâton, à la quête et la reconquête de sa Nejma pour célébrer, en tant qu'Algérien et aucunement en un quelconque « Arabe » , les Noces entre Min Djibalina et Jazairouna – qui eurent comme nouveau-né un angélique « Kassamen » baptisé par le sang bénit au sein du temple sacré des Moudjahidines – loin d'une nostalgique mer-soleil, qui relégua, sous les feux de la rampe Nobélienne, la justice dans les étalages poussiéreux du second ordre... Beaucoup de sangs et de sueurs ont coulé sous les ponts de notre sablier cinquantenaire, depuis que nos légendaires révolutionnaires ont forcé le « civilisateur », qui continue à se gargariser impudiquement de ses « bienfaits » en new yankée voire en décidant de célébrer ce « cinq juillet » la fête des harkis !, qui avait débarqué de voiliers revigorés par l'absence d'une redoutable Flotte piégée par la bataille de Navarrine, à embarquer – avec comme musique de fond ≪ Béjart prend ta valise ! » – dans un catastrophique rapatriement, à l'US Marines du Vietnam, reprenant le même sillage maritime ordonné par Charles X et ses intimes, à bord de bateaux d'une des principales puissances du NATO... ! Les descendants d'Apulée de Madaure, de Tarek ben Ziyad, d'Ibn Khaldoune, d'Abdel Kader et de Lalla Fatma N'soumer – dont les inventeurs-détenteurs de la trinité « Liberté-Egalite-Fraternité » , qui voila encore quelques mois étaient encore emprisonnés dans « les Identités Meurtrières », s'amusaient à identifier par les ironiques signifiants « Fatma » et « l'Arabe » – ont su relever tous les défis, quoiqu'en disent ELJAZEERA et RFI, désormais plus qu'étouffées, rehaussant l'étendard Blanc-Vert-Rouge, majestueusement étoffé, et prenant solidement les rênes de leur destinée, pour fêter, cinquante années après, le Repos du Guerrier forgé par les sanglants tollés, en enflammant les quarante huit cieux du Polygone Etoilé ! Cette nuit-là, Cheaayeb Lekhdim, dont les souvenirs, furent, par ces feux de la cime, instantanément vivifiés, devant un tel éblouissement qu'il ne put qualifier, n'avait pu retenir ses larmes, devant lesquelles sa fidele Aini, de nature calme, qui, usant de toutes ses armes, avait beau essayé de faire semblant d'occuper les heureux héritiers de Dar Sbitar par le scintillement des tableaux peints sur la toile des étoiles, dévêtue de son collant voile, s'est humblement prosternée, sentant les charges énergétiques de la majesté, la noblesse et la sacralité qui se dégageaient d'une telle émotion dans un tel contexte spatiotemporel... ! Il était tellement pris et épris dans cet émerveillement qu'il lui sembla que son être venait de contenir toutes les péripéties révolutionnaires de ses ancêtres, qui avaient continuellement, dans un relais d'être ou ne pas être, de décolonisation depuis la Numidie de Jugurtha à l'Algérie de Zabana, arraché leur liberté dans un troc sacré « vie contre dignité » n'en déplaise à la cruelle marâtre... Il en pleurait – naïf mais sincère de caution – tout joyeux d'émotions ! Il avait fait l'objet et était sujet à une semblable commotion, le jour où il visionna un Film, pleins de sensations, sur l'un des lions de la révolution, notamment devant la très forte charge sémantique et symbolique suggérée par la scène de ces interminables minutes que réserva le Héros en faisant ses adieux à son « très jeune » épouse, une houri qu'il « délaissa », dans une vie en interruption, – assuré sur leur rendez-vous dans les cieux –, avec toutes ses autres richesses matérielles, pour rejoindre ses frères de la révolution et se faire inscrire, à leurs cotés, en Eternel Chahid forçant l'admiration ... !!! Ces jours-ci aussi, en réécoutant l'une des mélodies de cette joyeuse saison, la voix d'Abderrahmane AZIZ interprétant le message plus qu'emblématique du Chahid « Ya Mohamed Mabrouk Aalik El Djazair Rajaat lik » sa peau est devenue comme « habitée » par un frissonnement électrocutant tout son être dont l'esprit, qui fut tout ouïe, marquait un arrêt sur image dès qu'il décoda les ondes sifflantes et giflantes du couplet ≪ Elli Aaliya rani Aamaltou baki taamal elli aalik ≫ !!?…. Face à cet engagement, qu'a-t-il fait feu président Ferhat Abbas, en intellectuel et visionnaire éclairé, soucieux pour le futur de l'Algérie, invitant implicitement les décideurs à pondérer, face à une pseudo-démocratie mal digérée…et une nation vierge à fédérer ? Il remarqua, peiné et meurtri dans l'âme, non sans déclencher l'alarme, accusant le quidam : « Pratiquement il n'y a plus de démocratie. L'Assemblée est sous la dépendance d'un homme qui nomme les ministres et qui, par le truchement du Parti, choisit les membres de l'Assemblée nationale, après avoir été choisi lui-même par le Parti. Le dialogue entre le législatif et l'exécutif, si fructueux pour le pays, devient un simple monologue. Le peuple est absent et n'est pas représenté. Ses représentants sont de simples figurants.»5 Et quel sage conseil donna-t-il à ses « frères-ennemis » décideurs, pour leur éviter les pires malheurs, qui annonçaient leur ampleur: « Depuis l'indépendance le peuple n'a pas encore été une seule fois librement consulté. Il est temps de le faire participer à la vie publique. Il est temps qu'il retrouve son enthousiasme et sa foi. Ce peuple sait voter. Il l'a hautement prouvé. Il a surtout su résister, pendant sept ans, à l'une des plus grandes armées du monde. Il a acquis par son héroïsme le droit de choisir ses représentants et de se donner le gouvernement de son choix. Nous devons lui faire confiance. Et même s'il se trompait cette erreur serait moins grave de conséquences que le fait de le museler, et de lui imposer une camisole de force. Il a mérité mieux que cette suprême injure.»6 Chemin pétrolant, avec un baril en péril, tous les biens légitimement acquis ou – n'en déplaise à l'esprit du civisme et du patriotisme – détournés à l'oligarchie braquée..., que pourrions-nous avoir comme alternative, pour nos wagons en quête d'une puissante locomotive ? Poussée, dos au mur, vers une dualité désastreuse, en l'absence d'une opposition peinant à sortir de sa situation piteuse, la plèbe est dubitativement voire implicitement « invitée » par le fait accompli à se prononcer entre chevaucher dans l'aventure d'une «chouractature7 » périlleuse, où s'engouffrer dans une «démoctature8 » hasardeuse… !? Parallèlement, cette indifférente et insoucieuse oligarchie, qui a « miraculeusement » éclos en se développant face à une société – soi-disant foutrement fâchée -métamorphosée en « ghachi », après avoir englouti les richesses du pays sans les mâcher, tente une issue à bon marché, en montrant sa patte blanche bien qu'hideusement entachée par les bavures perpétrées contre une liberté d'expression lynchée, la rente n'étant plus en mesure de la corrompre par une ANSEJ à l'arrachée …Ibn Khaldoun, des grottes de Frenda n'avait-il, voilà six siècles déjà, en parlant du souverain qui tente vaille que vaille à restaurer sa puissance, pas dit ceci : « Son argent va à ses alliés et à ses partisans, gens d'épée qui ont leur propre esprit de clan. Il dépense ses trésors et ses revenus en tentatives de restauration de sa puissance »9. Cependant, ne se doutent-ils pas, ces apprentis sorciers opérant dans les antichambres et les coulisses, pour demeurer tant mal que très mal légitimement éligibles et crédiblement en lice, que leur chute sera causée par leur propre injustice, les visionnaires avérés tâtent d'ors et déjà les prémices, car finalement : « la cause de tous ces abus, c'est le besoin d'argent que l'habitude du luxe entretient chez les gens du pouvoir…Or la leçon de l'Histoire, c'est que l'injustice ruine la civilisation et, par la suite, la dynastie. »10… !? Bref, il est tout à fait clair que cette société, qui bien que misérablement démunie, avait consentie, dans un élan de générosité, à offrir les restes de ses bijoux pour alimenter, la banque algérienne à créditer, grâce à la caisse de solidarité, peut tout aussi avec simplicité, se contenter d'un Smig en difficulté, si et seulement si le pouvoir prêchait – dure soit-elle – la vérité, tout en observant, lui comme premier exemple, la sobriété… !? Pour toutes ces raisons, et pour notre Algérie dont la jeunesse est plus que mûre – même si elle parait rasant les murs ! – notamment après avoir survécu à la « démon-cratie » de la ténébreuse décennie et ce qu'elle endure, point de chouractature ni de démoctature, le pays des martyrs ne peut plus boire le calice jusqu'à la lie encore moins subir une énième blessure…La bonne gouvernance n'est-elle pas le chemin le plus sûr ?! Mais puisse le Seigneur nous préserver des vices qui empoisonnent nos richesses en les rendant impures ! Car « Si nous pouvions nous passer d'argent et avoir tous les avantages que l'argent donne, nous jouirons bien mieux de ces avantages qu'avec les richesses, puisque les richesses nous les aurions séparés des vices qui les empoisonnent et que l'argent amène avec lui. »11 Enfin, pour mettre à l'heure nos pendules, il faut être vraiment crédule pour croire que la bonne gouvernance c'est s'emprisonner dans sa bulle en snobant voire discréditant – entre autres – les intellectuels tout en les étiquetant de nuls tant il est vrai que : « Personne ne peut transférer à autrui son droit naturel, c'est-à-dire sa faculté de raisonner librement et de juger librement de toutes choses ; et personne ne peut y être contraint. C'est pourquoi l'on considère qu'un Etat est violent quand il s'en prend aux âmes »12. Puisque, et le commun des gouvernés en est plus que conscient désormais, pour se prévenir des tsunamis que le nouvel ordre mondial est en train de semer, seule la liberté d'expression génératrice de liberté d'alliances est à même de procurer un avenir écaillé de tous les ennemis : « L'avenir est aux peuples qui resteront unis, qui ne se feront pas de guerres intestines, et qui sauront s'assurer la liberté de leurs alliances »13…Amen ! *Universitaire Notes : 1- La République : livre dans lequel Platon y présente les différents aspects de sa cité idéale 2- La cité idéale de Platon 3- Henry Kissinger, The Guardian – 28 Novembre 1976 4- Mohamed DIB, L'Incendie 5, 6- Ferhat Abbas, extrait de sa lettre de démission de l'APN (en tant que député de Sétif) le 12 Aout 1963 7- Dictature déguisée en « Choura » (Choura : Doctrine politique islamique) 8- Dictature à l'apparence d'une démocratie. Attention à nos droits d'auteur ! 9,10- Ibn Khaldoune (1332-1406), Muqaddima 11- Jean Jacques Rousseau 12- Spinoza 13- Henri Massis _____________________________________ KHELFAOUI Benaoumeur Maitre Assistant « Français » Département de Lettres et Langue Française Faculté des Lettres et des Langues Université Kasdi Merbah de Ouargla 30000 – Algérie