Iddir Nadir 26 février 2019 Faire corps avec la contestation citoyenne. Des universitaires et intellectuels algériens annoncent, dans une déclaration rendue publique dimanche 24 février, leur adhésion au mouvement de contestation. «Nous, universitaires et intellectuels signataires de ce texte, sommes convaincus que des positions claires et courageuses revêtent, à cet instant historique et décisif, une importance particulière pour l'avenir de l'Algérie. Une importance accentuée par le fait que l'université ne produit plus de sens, ne s'intéresse plus à la chose publique et a renoncé à son statut de porte-parole de la société», précisent les rédacteurs de l'appel diffusé sur les réseaux sociaux. Parmi les premiers signataires figurent des universitaires, des journalistes d'Alger, Béjaïa, Mostaganem et M'sila, à l'instar de Redouane Boudjemaa, Saïd Loucif, Louisa Dris-Aït Hamadouche, Fatma Oussedik, Saïd Djaafer, Fatima Bouhani, Nacer Djabi, Aziz Laabane, Cherif Dris, Abdelaziz Boubakir, Aïssa Merah, Farida Akrout, Salaheddine Sidhoum, Zoubir Arous… Les rédacteurs de la déclaration appellent tous leurs collègues «libres et dignes» à adhérer au processus de changement et ne pas être à la marge. «En effet, si nous, universitaires et intellectuels, n'intégrons pas la société dans nos préoccupations ; si nous ne nous engageons pas moralement et politiquement à porter les aspirations de notre société, nous nous condamnons à être invisibles, inaudibles (…). Nous nous priverons des moyens de nous affranchir des contraintes d'un régime caractérisé par l'autoritarisme, la hogra, l'esprit rentier, la médiocrité, le clientélisme et la corruption. Nous participerons à la reproduction des échecs passés», préviennent-ils. Pour anticiper les risques futurs, les rédacteurs affirment devoir s'engager à «fournir les moyens politiques qui empêcheront que s'installe le vide qui permettra la reproduction d'un système politique usé». Mise en place d'une Constituante «Notre responsabilité est de paver le chemin de la société qui trace sa voie vers la liberté et la justice qui mettront fin, définitivement, à un système qui a produit violence et corruption», signalent-ils. Les intellectuels déclarent leur volonté de participer à la «résistance pacifique» tout en appelant les citoyens à «ne pas répondre aux provocations et à toutes sortes de violences, car la violence est l'arme des faibles». Les signataires déclarent amorcer un débat afin de réagir et d'accompagner la marche de la société et prémunir son projet des «aventuriers et parasites» qui bénéficient du statu quo. «Ces aventuriers ont privé le peuple du droit à son autodétermination et cherchent, maintenant, à tirer profit du processus en marche pour reproduire un système usé qui constitue une menace pour le présent et l'avenir de l'Algérie», soutiennent-ils. Une autre déclaration d'intellectuels, universitaires et journalistes a été aussi rendue publique samedi, à l'initiative de Smaïl Yabrir, écrivain et journaliste. «J'ai lancé un appel aux intellectuels, aux académiciens et aux journalistes pour qu'ils s'unissent et accompagnent le mouvement de la rue. Les messages se suivent pour dire à ce régime qu'il a failli et que nous pouvons fonder une nouvelle Algérie», a confié à El Watan le très prometteur écrivain lauréat du prix Mohamed Dib. La déclaration est signée par des centaines d'universitaires, parmi lesquels Miloud Khizar, Abdelwaheb Benmansour, Smail Yabrir et Taher Belhia. Mettant en avant le caractère foncièrement autoritaire du pouvoir algérien et ses accointances avec des puissances étrangères, les signataires appellent de leurs vœux l'élection d'un «Conseil national constitutif» dont l'objectif sera l'adoption par référendum d'une Constitution démocratique. Parmi les autres revendications, la mise en place d'une instance «justice et réconciliation»