La polémique qui a éclaté durant le débat en plénière du projet de loi de finances 2009, sur les interventions jugées « agressives » par le ministre chargé des Relations avec le Parlement des membres du groupe parlementaire du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), se poursuit. Cette querelle semble mise à profit par certaines parties qui sont en train de verser l'huile sur le feu. On assiste ainsi, depuis une semaine, à une escalade sur fond de surenchères nationalistes ayant pour cible le parti de Said Saadi. Après la mise au point du ministre chargé des Relations avec le Parlement et celle du président de l'APN, c'était hier le tour de l'Organisation nationale des enfants de Chouhada (ONEC) de dénoncer les « déclarations irresponsables et hostiles » des membres du groupe parlementaire du RCD. Ces déclarations ont souillé, selon cette organisation, la mémoire des Chouhada et les symboles de l'Etat algérien. Dans une déclaration d'une rare virulence, l'ONEC a accusé les députés du RCD de « servir des sphères occultes contre les intérêts de la nation ». L'ONEC dénonce une tentative de profanation de la mémoire de la Révolution nationale menée par les défenseurs de la « nouvelle pensée coloniale ». D'autres parties de la scène politique se proclamant du courant nationaliste n'avaient pas manqué ces derniers jours de tirer à boulets rouges sur le groupe parlementaire du RCD. La campagne est en train de prendre de l'ampleur et semble inquiéter le parti de Sidi Said. Après un premier communiqué, le groupe parlementaire a adressé hier, une nouvelle déclaration, pour avertir l'opinion publique sur l'existence d'une « campagne de dénigrement orchestrée à l'encontre du groupe parlementaire du RCD, suite au débat télévisé sur le projet de loi de Finances 2009 ». Le RCD accuse les pouvoirs publics de « détourner l'opinion publique de la pénible réalité du citoyen, du bilan des dix dernières années et de l'absence de vision et de programme de développement ». « Des organisations satellites, autoproclamées détentrices du label nationaliste, ont été actionnées, a posteriori, pour stigmatiser et manipuler les interventions des députés du Rassemblement », soutient le parti de Said Saadi. Pour le RCD, le seul tort de ses députés est d'avoir dit haut ce que tout le monde pense bas. « Les auteurs de ces commisérations cachent mal, en réalité, leur déficit patriotique. Hier, loin des premières lignes, lorsqu'il fallait payer le prix du sang, nos inquisiteurs d'aujourd'hui s'arrogent la propriété exclusive du nationalisme, maintenant que celui-ci est sans risque et monnayé en espèces sonnantes et trébuchantes », regrette le RCD. Une querelle inutile sur fond de surenchères nationalistes qui risque d'être à l'origine de nouveaux dérapages dans les prochains jours si rien n'est fait pour apaiser les esprits.