Les conditions de détention des manifestants incarcérés à la prison d'El-Harrach laissent à désirer. C'est du moins ce qu'a indiqué le Comité national pour la défense des détenus (CNLD), hier dans un communiqué, en se basant sur un rapport détaillé des avocats membres du collectif de la défense des détenus d'opinion. "À travers cet exposé, les avocats du collectif ont rapporté des faits graves qui méritent d'être portés à la connaissance de l'opinion publique. S'agissant des conditions de détention, le moins que l'on puisse dire est qu'au niveau de la prison d'El-Harrach, elles relèvent d'une époque que l'on croyait à jamais révolue. Dans cet établissement, la dignité d'un détenu est une notion étrange !", a dénoncé le CNLD en s'indignant "du traitement réservé aux détenus et réitère l'exigence de leur libération immédiate et inconditionnelle". Et de citer le cas de la jeune élue à l'APW de Tizi Ouzou, Samira Messouci, qui, selon lui, "subit une pression morale indigne de cette institution". "Pour pouvoir se soigner à l'infirmerie, on lui impose de porter un hijab sous prétexte que l'infirmier qui doit l'examiner est de sexe masculin. Refusant ce chantage, Samira Messouci se trouve privée depuis le 28 juin, jour de son arrestation, de soins suite aux traumatismes causés par les brutalités des policiers qui l'ont appréhendée", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "L'acharnement de l'administration pénitentiaire va jusqu'à lui interdire le port de la robe kabyle et le foulard ‘amendil' qui va avec, qu'elle avait choisis elle-même devant la condition insistante de cette administration de vouloir lui imposer de porter le hijab le jour de son jugement au tribunal de Sidi M'hamed, portant ainsi atteinte, une fois de plus, à ses conviction et liberté de choix." Autre dépassement relevé par le CNLD : l'instruction du dossier des détenus dont le traitement "s'étire volontairement dans le temps". "Il est clair que le seul objectif d'une procédure qui n'a pas lieu d'être au regard de la loi est de faire des détenus une monnaie d'échange ou un moyen de chantage pour la concrétisation de la feuille de route pour régénérer le système qui a ruiné le pays", a-t-il estimé. Pour "s'enquérir à nouveau des conditions de détention des détenus et s'entretenir avec l'administration sur les questions de pressions qu'ils subissent", une forte délégation d'avocats du collectif de la défense se rendra dans la matinée d'aujourd'hui 29 août à la prison d'El-Harrach.