Jusque-là, tous les présidents sont préalablement désignés par le haut commandement militaire. Si la prochaine échéance du régime se tient conformément au calendrier du chef des armées, le futur président ne sera pas l'émanation du peuple. il incarnera indubitablement la volonté du pouvoir réel. En tout cas, à la veille du lancement de la campagne électorale, les pratiques du régime demeurent inchangées. Bien que le peuple algérien, dans sa majorité, refuse, depuis le 22 février 2019, toute tutelle, le calendrier politique est fixé par l'homme fort du pays, Gaid Salah. En mobilisant la clientèle traditionnelle du régime, il tente de maintenir le statu quo au nom de l'intérêt national. Et c'est ce que vont défendre, à partir d'aujourd'hui, ses cinq chargés de mission. Dans la réalité, que peuvent apporter de positif les cinq candidats au pays ? Absolument rien. Ils le prouvent indirectement à chaque sortie médiatique. Ainsi, quand on leur pose la question sur la libération de la justice, ils se disent tous prêts à œuvrer dans ce sens. Mais, quand on leur demande de commenter les arrestations abusives des manifestants, ils refusent d'émettre le moindre avis sur les décisions de la justice « de téléphone ». Cette contradiction suffit amplement à les discréditer tous. Dans ces conditions, on peut dire, sans risque de se tromper, que le nouveau « président » ne servira pas les intérêts du pays, mais les intérêts du clan vainqueur, en mars 2019. La question qui se pose désormais est la suivante: le chef des armées réussira-t-il à faire plier le peuple ? Pour le moment, il ne lésine pas sur les moyens. Car, dans l'esprit des caciques du régime, il est intolérable qu'un peuple qui a été humilié depuis des décennies puisse remettre en cause leur hégémonie. En plus, depuis des décennies, quand le régime est traversé par une crise interne, il suffisait qu'il résolve la crise intestine pour régner ensuite sur le pays. Or, depuis le 22 février 2019, une nouvelle donne s'additionne à l'équation du pouvoir. Désormais, le peuple algérien veut exister et participer à la gestion des affaires du pays. C'est ce qu'il rappelle depuis 39 semaines à un régime sourd à toutes les demandes de changement. Bien qu'il ait tablé sur l'usure –le mois de ramadan, la fournaise de l'été et maintenant les pluies diluviennes –, le peuple algérien ne recule pas. Et il a raison de le faire. Car, après 57 ans où il a laissé le même régime gérer ses affaires, le pays se retrouve en situation de quasi-faillite, et ce, en dépit des richesses dont dispose le pays. Pour sauver le pays, il faudrait commencer par refuser de se faire imposer des dirigeants non contrôlés par ses soins. D'où le rejet de cette consultation qui vise à garantir la pérennité du système. Pour ce faire, il n'y a qu'une seule méthode face aux dictateurs : le mouvement doit rester pacifique, quoi qu'il arrive.