Le déploiement d'un dispositif policier démesuré, lors du 118e vendredi à Alger, renseigne sur la volonté du régime d'imposer sa vision violente. Bien qu'il puisse tromper l'opinion en évoquant la pluralité lors des élections législatives, à voir la composition des partis participants, ces derniers ont tous été –et ils le sont toujours –et des alliés du régime. Et même dans le cas où il y a la pluralité, ces partis se soumettent à la feuille de route, élaborée unilatéralement par l'état-major de l'armée en avril 2019.Du coup, celui qui dit une solution militaire dit aussi passage en force. Et si le haut commandement militaire n'avait pas usé de la violence dès février 2019, c'est pour une simple bonne raison : le clan de Bouteflika ne voulant pas partir, ils ont laissé la rue apporter de l'eau à leur moulin. Mais, là où ils se sont trompés, c'est que les Algériens, à travers une mobilisation saluée dans le monde, se sont aperçus qu'ils pouvaient reprendre leur destin en main. Toutefois, le régime s'étant trop engraissé, par les années où l'embellie financière a atteint son apogée, à aucun moment, le rapport de force n'a été du côté du peuple algérien. Ainsi, quand on entend des voix notoires nous dire que le régime vit son dernier quart d'heure, ceci n'est pas une vérité et le régime n'est pas pressé de partir incessamment. En tout cas, c'est faux de dire qu'il n'y a qu'à attendre la récupération des clefs de la maison Algérie. Cette approche a fait beaucoup de mal, car elle ne favorise pas de débattre des moyens d'avancer. Et cette incompréhension a sans doute conduit à la prolongation de la crise. Malheureusement, c'est l'inverse de ces allégations qui se confirme le vendredi 118. Le nombre impressionnant de policiers mobilisés pour empêcher la marche à Alger montre que la force de frappe du régime est intacte. Le soutien inconditionnel des forces de sécurité –ce sont avant tout des citoyens qui vivent les mêmes problèmes – rend impossible tout changement à court terme. Mais, pour être optimiste, le régime n'a gagné qu'une petite bataille. Le hirak, de son côté, doit s'adapter à la nouvelle stratégie du régime. Le refus de croiser le fer avec le régime reste le meilleur moyen d'avancer. Car, cette stratégie coupe l'herbe sous les pieds de la dictature qui ne rêve que du basculement du hirak dans la violence. Ainsi, s'il ya avait un seul jet de pierre à Alger, le régime décréterait l'état de siège et fermerait la capitale à toute manifestation. Heureusement, l'esprit de responsabilité des Algérois a été à la hauteur des enjeux. Est-ce que le régime peut mobiliser 40 à 50000 policiers, à Alger, chaque vendredi ? Pendant toute la campagne électorale, il n'hésitera pas à le faire. Car, ce processus marque le parachèvement des institutions du régime. Pendant cette période, l'absence de marche ne signifierait pas la renonciation. Le boycott massif des élections législatives prouvera une bonne fois pour toutes que le régime est totalement coupé de la population. Pour parer à l'absence de marche, le hirak doit songer peut-être à s'organiser autrement, toujours de façon pacifique et civilisée. Enfin, le peuple algérien –à l'intérieur du pays –est capable de trouver la solution idoine.