La comparaison de la production annuelle de l'oignon des trois pays: Algérie, France et Maroc depuis 1960 à 2022 montre qu'il y a une forte croissance, beaucoup plus importante pour l'Algérie notamment les dix dernières années. Source des données: FAO. On pose comme postulat: « La production de l'oignon représente également la consommation en considèrant que cet aliment n'est pas exporté. » Aujourd'hui, en Algérie on estime que la consommation annuelle est proche de 40 kg/habitant, Maroc: 25kg/habitant, France:10kg/ habitant. Un article (*) de la chaîne française Franceinfo, publié en ligne, le 15/10/2020 indique que l'oignon est particulièrement consommé dans le monde, 6 kg/habitant. La Libye fait figure de champion du monde avec une consommation moyenne de 30 kg/ habitant.. » On déduit, du postulat posé ci-dessus, que l'Algérie détrône la Libye en consommation moyenne de l'oignon par individu de 5 kg de plus. C'est intéressant de s'interroger quelles sont les raisons qui font que la consommation d'oignon en Algérie s'est multipliée de 8 fois de 1960 à ce jour. Celle du Maroc s'est multipliée de 5 fois. Concernant la France, celle-ci est seulement doublée. Cependant, on voit bien que la consommation d'oignon aussi bien de la France que Maroc reste en moyenne stable depuis une quinzaine d'années. Contrairement à l'Algérie, celle-ci s'est doublée en comparaison à cette même période. Les courbes montrent que l'oignon devient de plus en plus un vrai roi de la marmite indétrônable notamment en Algérie occupant ainsi un poids important dans le pannier ménager. On estime entre 4,5 et 5 personnes le ménage. La consommation annuelle de l'oignon par ménage algérien atteint 200 kg: 2 quintaux. À titre de comparaison, ce dernier consomme donc 10 fois plus que le ménage français (02 personnes). En ce mois sacré de ramadan, que s'est-il passé pour que le prix de l'oignon atteigne 300 DA le kilo alors que les autres mois ce prix est 10 fois moins? Certes, il y a une flambée des prix pour tous les produits. Le taux d'inflation en atteint 9,3% en janvier 2023 par rapport à la même période en 2022 selon le dernier bulletin de l'Office national des statistiques (ONS). Les témoignages publiés sur les réseaux sociaux des citoyens, qui font le marché des fruits et légumes, montrent une réalité encore plus inquiétante et sans doute différente avec une flambée des prix beaucoup plus importante. L'aliment qui fait la une sur la toile algérienne est certainement le roi de la cuisine qui enregistre une hausse de prix à 3 chiffres: 1000%. Selon le journal en ligne TSA (**), en date du 09 mars 2023 relatant les propos du président de l'Association de protection des consommateurs, l'Apoce, Mustapha Zebdi, la baisse de la production qui expliquerait la montée des prix de l'oignon: « Il n'y a pas eu de production cette année. Beaucoup d'agriculteurs ont tourné le dos à la culture de l'oignon cette année. La raison est que l'année dernière beaucoup d'entre eux l'ont vendu à perte à cause de la surproduction » Le président de l'Apoce pointe également un autre problème qui explique la flambée des prix de l'oignon en Algérie : « la spéculation ». Appellant ainsi les autorités à agir pour mettre fin à cette situation, approuvant d'autant plus que la loi sur la spéculation appliquée sur d'autres produits de consommation comme la semoule, l'huile de table, a donné des résultats depuis quelques mois. Cependant, l'explication de cette hausse due par les « spéculateurs » qui détiennent le contrôle des prix des fruits et légumes sur le marché, est-elle réellement crédible? Le comportement spéculatif existait depuis toujours, les années d'avant, pourquoi donc le prix de cet aliment n'a jamais atteint cette insoutenable cherté? Certains observateurs sur la toile mentionnent sur leurs pages qu'en effet, l'année écoulée, il y a eu une surproduction obligeant les agriculteurs à jeter cet aliment leur causant des pertes considérables, faute d'écoulement et ne pas trouver preneur. Mais le surplus, qui n'a pas pu être stocké, s'explique probablement par la peur des conséquences de la loi relative à la lutte contre la spéculation illicite qui a été publiée dans le Journal officiel n° 99 du 29 décembre 2021. La loi prévoit des peines d'emprisonnement allant de 3 à 30 ans de prison et des amendes financières pouvant atteindre les deux millions de dinars. La loi précise, dans ses dispositions générales, que la spéculation illicite concerne « tout stockage ou rétention de biens ou marchandises visant à provoquer une pénurie ou une perturbation des approvisionnements au niveau du marché et toute hausse ou diminution artificielle des prix des biens ou marchandises ou des billets de banque de manière directe ou indirecte ou par le biais d'intermédiaire ou le recours à des moyens électroniques ou toutes voies ou moyens frauduleux quelconques ». Il y a lieu de s'interroger si cette loi n'aurait pas eu des effets inverses et non pas les résultats escomptés pour constater au final des conséquences néfastes sur toute la chaîne notamment à l'amont. Il y a un fait de découragement certain d'une certaine manière des agriculteurs pour ne pas produire plus afin d'éviter le stockage. Selon cette analyse, il y a sans doute une peur des contrôles et les sanctions judiciaires suite au stock des aliments. Toute la filière est vraisemblablement touchée laissant les agriculteurs, collecteurs et stockeurs minimiser les quantités stockées. Par riquochet, il y a une faiblesse de l'offre par rapport à la demande qui s'accentue de plus en plus. Le consommateur est touché à l'aval en subissant de plein fouet la pénurie et la flambée des prix sur le marché. Pour les jours à venir, cette tendance serait-elle annonciatrice d'une vérité amère qui risque de se confirmer et se propager pour toucher éventuellement tous les autres aliments essentiels. Ceci n'est qu'une modeste projection où on met de l'avant une part d'une vérité laquelle est certainement beaucoup plus complexe à déchiffrer. Tout en restant dans le vif du bulbe, une citation traitant de la vérité, l'écrivain Paul Claudel écrivit : « Est-ce que la vérité n'a pas dix-sept enveloppes comme les oignons? On ne saurait énumérer tous les autres facteurs explicatifs afin de comprendre la situation actuelle et aider à voir avec plus de clairté l'avenir. Par ailleurs, il y a lieu de mentionner que la culture de l'oignon, qui n'est pas très capricieux, a besoin de beaucoup d'eau. La sécheresse qui sévit en Algérie les dernières années est une épreuve des plus difficiles à surmonter, pas seulement pour l'oignon mais plus largement à toutes les autres cultures En conclusion, par cette modeste contribution on préconise l'urgence d'intervenir au plus vite par les hautes autorités avec beaucoup de méthode en semant plus la légitimité, la confiance et la quiétude; réunir les conditions favorables pour l'investissement; rassurer au maximum les producteurs, voire même les aider en étant présent de plus près et mettre en place un système de compensation à toutes leur pertes potentielles afin de rétablir l'équilibre et veiller ainsi au bon fonctionnement de toute la filière. Lien: (*)https://www.francetvinfo.fr/…/la-production-d-oignons… (**)https://www.tsa-algerie.com/les-raisons-de-la-flambee…/ Toutes les réactions : 31Vous, Abbes Hamadene, Ilyas At Lhusin et 28 autres personnes