Liberté, 5 juillet 2009 Sur le plan de l'innovation, l'Algérie se classe à la 126e place. Le rapport annuel de la Banque africaine de développement sur la compétitivité des pays africains vient d'être publié. Dans la région de l'Afrique du Nord, l'Algérie porte le bonnet d'âne en se positionnant parmi les derniers rangs. Elle occupe la 99e place dans le monde alors que son voisin tunisien, le champion d'Afrique, est 36e. Même la Libye d'Al-Kadhafi est devant l'Algérie se positionnant à la 91e place. Ces deux pays d'Afrique du Nord sont d'ailleurs les seuls à se faire dépasser par un certain nombre de pays subsahariens, comme le Kenya, la Gambie, le Nigeria et le Sénégal. Ce classement se base sur des données statistiques et des enquêtes couvrant plusieurs secteurs (infrastructures, stabilité politique, gouvernance, santé…). Il est réalisé conjointement par la BAD, le Forum économique mondial et la Banque mondiale. L'activité macroéconomique demeure un des rares secteurs où l'Algérie sort du lot et dépasse ses voisins tout comme la Libye. Cette bonne place, comme l'explique le rapport, est due aux cours du pétrole qui, l'année dernière, ont dépassé pendant plus de la moitié de l'année les 100 dollars. Cette année avec un baril de pétrole qui oscille entre les 50 et 60 dollars, l'activité macroéconomique devrait être moins bonne compte tenu de l'hyperdépendance de notre économie vis-à-vis des hydrocarbures. Ce point positif fait de l'ombre au tableau au reste des chiffres dont certains sont bien préoccupants. Sur les facteurs de l'innovation, qui est un domaine important pour l'avenir, quand nos voisins tunisiens, marocains et égyptiens enregistrent respectivement le score de 4,2 pour le premier et 3,5 pour les deux autres. Nous, nous sommes à 2,8, en nous positionnant à la 126e place mondiale quand la Tunisie est 30e et les deux autres à la 74e et la 76e places. Sur l'innovation, même la plupart des pays d'Afrique noire nous dépassent. Les seuls à rester derniers sont le Burundi, le Tchad et le Mozambique. L'Algérie est toujours à la traîne dans le plan des institutions où nous nous classons 102e avec 3,4 quand la Tunisie est 22e avec 5,2. La moyenne pour les pays d'Afrique du Nord étant de 4,2. Sur le plan de l'éducation et de la scolarité, nous sommes juste à la moyenne des pays de l'Afrique du Nord et 4e sur le continent. Toujours d'après le rapport, l'aide et l'accès au financement, les difficultés liées à la bureaucratie et la corruption demeurent les trois grands points noirs dans notre économie. Sur un plan plus général, les chiffres donnés par ce rapport montrent une évolution de l'économie en Afrique. Jeudi, lors du point presse à Tunis, Louis Kasekende, l'économiste en chef de la Banque africaine de développement, a expliqué que "ce classement traduit un niveau nettement plus élevé grâce à une bonne gouvernance, une infrastructure efficace et une stabilité politique". Dans la grande partie des Etats africains, le rapport note une progression sur le marché des biens et le marché du travail jugé de plus en plus souple et dans les affaires. A contrario, les infrastructures dans les transports, dans l'électricité, dans les télécommunications, l'instabilité macroéconomique, l'absence d'intégration horizontale et les mauvaises conditions de santé, notamment en Afrique subsaharienne sont les grosses carences du continent noir. Pour améliorer la compétitivité des pays africains par rapport au reste du monde, la Banque africaine de développement suggère de développer l'investissement afin de promouvoir les services à très forte valeur ajoutée. Cet effort dans l'investissement pourrait, selon Louis Kasekende, doper la croissance des pays africains, et ce, malgré la crise économique mondiale. Egalement, ces pays doivent adapter l'enseignement aux besoins du marché du travail, dans ce secteur ; les pays africains se classent bien loin hormis l'Algérie, le Maroc, les îles Maurice et la Tunisie, tous les autres sont au-delà de la 100e place sur le plan mondial.