Tribune des lecteurs 30 décembre 2009 Les actes de discrimination, de maltraitance et d'humiliation vis à vis des Algériens qui travaillent dans le sud, ont pris des dérives, sans précédent, ces dernières années. Les multinationales, installées dans le sud algérien, renvoient, dos au mur, toutes les législations qui régissent le monde du travail. Maltraitance, provocations, humiliations, licenciements abusifs, répressions antisyndicales, harcèlement, conditions de vie déplorables : ce sont là les quelques injustices que subissent les employés algériens, dans les compagnies étrangères installées au sud. Pour avoir plus d'informations sur ce sujet, nous avons interrogé plusieurs salariés de ces multinationales. Les réponses qui nous ont été données étaient toutes les mêmes. » Les Algériens sont humiliés et maltraités dans leur propre pays « . Le licenciement de Yacine Zaid, pour le seul motif d'avoir pensé à la constitution d'une section syndicale, et le cas de Myriem Mehdi, en sont les meilleurs exemples. Conditions de vie déplorables Rencontré au niveau de la gare routière d'Alger, Said. S, originaire de la wilaya de Tizi Ouzou, et employé dans l'une des sociétés qui opèrent dans l'exploitation des hydrocarbures à Hassi Messaoud, nous a confirmé ces violations. » C'est un secret de polichinelle, les multinationales, opérant dans les hydrocarbures au Sud de l'Algérie, imposent leurs lois et maltraitent souvent les employés algériens « , a-t-il indiqué. Pour lui, depuis l'arrivée des ces multinationales dans le sud algérien, les choses se sont complètement renversées. » J'ai travaillé pendant 25 ans dans cette région, mais je n'ai jamais vu de dépassements pareils à ceux qui se sont produits après l'installation de ces firmes « , a-t-il ajouté d'un air consterné. Pour son collègue, qui a préféré garder l'anonymat, les conditions de travail deviennent de plus en plus insupportables. Les dépassements et les violations des droits des employés, se comptent par milliers. » Mais il n'y a qu'une dizaine d'affaires qui ont été médiatisées « , a-t- il expliqué. Pour ces fonctionnaires, les conditions, dans lesquelles ils évoluent, sont indignes pour un être humain. Des chambres, sans climatisation, partagées par plusieurs personnes, les conditions d'hygiène qui ne sont pas respectées et les clauses des contrats du travail sont loin d'être appliquées sur le terrain. Pour sa part Mokhtar A. S, ingénieur en pétrochimie, a souligné que ces pratiques, parmi tant d'autres, sont réservées uniquement aux Algériens. » On ne dirait pas que nous sommes dans notre pays, car ces entreprises violent au grand jour la législation algérienne « , s'est-il alarmé. » Ce qui se passe au sud actuellement n'a qu'une seule explication : c'est une discrimination raciale « , lui a emboîté le pas Samia. D, technicienne supérieure dans le domaine de la sécurité industrielle. Pour cette jeune femme, l'image qu'elle a eue de ces multinationales, avant d'être embauchée par l'une d'elles, est complète contradiction avec ce qui se passe en réalité sur le terrain. La détérioration des conditions de vie dans cette zone réputée pour son climat assez dur, a conduit, selon nos interlocuteurs, à l'abandon de poste et aux démissions volontaires. » Si plusieurs employés ont été poussés à quitter leurs postes involontairement, le spectre des conditions de vie déplorables a conduit les autres à quitter le leur de leur propre volonté « , a-t-elle souligné. Des pratiques qui passent, sous le silence des autorités Ce constat amer, malheureusement, n'a pas suscité de réaction de la part des pouvoirs publics. Les violations, le harcèlement et les intimidations, persistent comme si rien ne s'était passé. C'est un monde à part, où les pratiques des plus obscènes passent souvent, avec le silence injustifiable des autorités. Malgré les discours et les promesses aucune démarche n'a été entreprise, pour défendre les intérêts moraux et matériels de cette frange de la société. Ces employés continuent de se battre seuls face aux gigantesques firmes multinationales, qui n'hésitent pas à se référer à tous les mécanismes, pour avoir gain de cause. Ce qui accentue les souffrances de ces fonctionnaires, demeure dans le flou des contrats signés par ces firmes avec les pouvoirs publics. En outre, les autorités ne sont pas les seules à adopter l'omerta, autour de pareilles questions. La société civile et les partis politiques, à quelques exceptions près, les médias et même la rue, ont affiché un désintérêt total face à cette situation inquiétante. » Nous devons faire barrage aux suceurs de sang et de pétrole » Sur ce point, les travailleurs n'ont pas caché leur déception. Ils estiment qu'aucune considération ne doit primer sur l'intérêt de l'Algérie et des Algériens. Ils jugent dans ce contexte que l'intérêt économique n'est pas une raison pour fouler au pied la dignité des Algériens. » Les multinationales constituent, avec leurs pratiques sauvages, une nouvelle forme de colonisation « , a déclaré Mohamed Saïdani. Pour lui, après avoir arraché son indépendance par le sacrifice et le sang 1 500 000 martyrs, les Algériens, notamment les patriotes de la nation, ne livreront pas sur un plat en or cette liberté chèrement acquise, aux multinationales impérialistes. Toutefois, ils ont manifesté leur souhait de voir des actions concrètes sur le terrain dans les plus brefs délais, afin de mettre un terme à ce genre de dépassements. Cette situation chaotique interpelle la conscience de tout un chacun, épris de justice, de dignité et jaloux de l'avenir et du devenir de son pays, afin de ne plus permettre à ces suceurs de sang , et du pétrole, de continuer sur ce chemin. Y. A.