Tribune des lecteurs 30 décembre 2009 Etant l'une des victimes de la sauvagerie des multinationales, pouvez-vous M. Yacine Zaid, revenir sur les conditions de vie des travailleurs algériens dans le sud ? Merci de m'avoir accordé l'occasion de m'exprimer sur les colonnes de votre journal qui ne ménage pas d'effort en vue du soutien de toutes les causes justes. Les fonctionnaires algériens qui travaillent dans les multinationales vivent dans des conditions lamentables. J'ai été parmi eux et j'ai vécu ce calvaire durant plusieurs années. Mais pour le seul fait d'avoir dénoncé ce genre de pratiques, les responsables de la firme britannique » Compasse » m'ont licencié. Être maltraité ne veut rien dire devant l'ampleur de ces atteintes, si j'ose dire. L'humiliation est extrême. Je ne peux qualifier ce genre de pratique que d'un vrai apartheid exercé sur nos concitoyens. Devant cette situation marquée par l'absence de toutes réactions, les travailleurs sont perdus. Ils ne savent pas comment et à qui se plaindre. Certains fonctionnaires m'ont dit qu'ils habitent une chambre à 6 et sans climatisation. Pourriez-vous nous confirmer cette information? Je l'affirme et je la confirme. J'ai vécu dans ces endroits et j'ai subi les affres de cette situation. Après mon licenciement abusif pour avoir essayé de constituer une section syndicale, j'ai diffusé plusieurs photos et j'ai rendu publiques des informations qui confirment ce calvaire. Et depuis, les responsables de Compasse ont décidé de leur changer les draps et les couvertures, comme si le problème résidait seulement dans ce point. C'est vraiment honteux ce qui se passe dans le sud. Les paroles ne me suffisent pas pour décrire ces souffrances. C'est de la » hogra » totale. Le droit de syndiquer est totalement bafoué au sud. Quel est le constat que vous faites sur la spoliation de ce droit, pourtant garanti par la constitution et toutes les conventions et chartes internationales ? Vous savez, au début et à force de communiquer avec les travailleurs à Hassi Messaoud, on trouve que parmi ces pauvres précaires, il y avait des gens qui croyaient en les luttes syndicales. Mais depuis l'arrivée des multinationales, rares sont ceux qui croient aujourd'hui à ce droit. Cela n'exclut pas la volonté de quelques uns d'aller de l'avant pour l'arracher. Mais ces firmes n'acceptent jamais ce genre d'initiatives. Mon cas est illustre dans ce sens. Pour avoir revendiqué ce droit j'ai été licencié et je me retrouve actuellement en train de traîner dans les couloirs des tribunaux. Vous savez, un des responsables de cette société m'a dit une fois, que » vous devrez faire très attention, car pour toucher l'image de marque de notre compagnie il vous faudra un bon avocat. Même ici chez vous, on gagnera la partie « . Mais où sont passées les autorités pour mettre un terme à cette cruauté ? Dans les contrats que signent les travailleurs avec ces multinationales y a-t- il des clauses qui régissent les relations entre ces deux parties ? Comme toutes les entreprises, les employés des multinationales signent des contrats de travail avec leurs employeurs. Dans ces contrats tout est clair. Mais la question ne se pose pas à ce niveau. Les responsables de ces firmes ne respectent pas ces clauses en imposant une gestion unilatérale. Ce que réclament les travailleurs du sud, c'est le suivi par les autorités algériennes de l'application de ces clauses sur le terrain. Y. A.