La santé est l'une des préoccupations principales des Algériens. Elle est l'objet de débat dans toutes les sphères sociétales et/ou politiques. Depuis plus d'une décennie, la politique de santé publique conduit les malades vers des soins qui ne sont pas adaptés, voire inappropriés qui ont fait reculer toutes les valeurs de vrais soins. Il est temps de savoir si la santé, qui est un élément majeur dans la vie d'un peuple, est devenue une marchandise. Dans le secteur privé, la santé est devenue une source de profit, où l'aspect vénal devient le plus prégnant (qui fonctionne avec des méthodes de gestion proches de celles d' une entreprise, créée non pour jouer un rôle d'articulation complémentaire avec le secteur public, mais pour réaliser une plus-value). Sommes-nous dans l'ère du soupçon ? Des ministres de la santé et de la population prennent des décisions à coups de notes et instructions à grand bruit, sans les effets escomptés, voire contre-productifs, tant dans la gestion administrative que dans la politique sanitaire au sens le plus large. C'est ainsi que les patients et leurs familles constatent, avec regret, le manque de médicaments et de moyens dignes d'hébergement. Les équipements absents ou non fonctionnels sont une banalité à l'hôpital Bouzidi. S'ajoute à cela le fait que le budget alloué par le ministère de la santé à l'hôpital Bouzidi, ne concerne que le fonctionnement et la prise en charge des patients du chef-lieu de wilaya. Alors que la réalité est tout autre ! A l'hôpital Bouzidi, tous les malades de toute la wilaya sont pris en charge, soient 4 EPH et 7 EPSP représentant un bassin démographique de 702 934 habitants et sont de fait couverts par ce même budget ! L'hôpital Bouzidi est une structure sanitaire propre. Le personnel médical et paramédical est compétent et dévoué. Il vit, cependant, une grande souffrance. Victime d'une pathologie insidieuse que l'on appelle l'épuisement physique et psychologique, un infirmier gére à lui seul 39 lits, que dire des médecins qui auscultent et soignent, plus de 50 à 60 malades jour, ils sont aussi en burn out et parfois maltraités, insultés par des patients, et c'est le cas de tous les personnels médicaux et paramédicaux des structures sanitaires de la wilaya. A telle enseigne que les médecins de l'hôpital de Ras-El-oued ont pris la bonne initiative de faire appel, pour 6 jours, soit du 10 au 14 septembre inclus, à l'association «amitié populaire franco-algérienne», composée de quarante personnes dont 23 médecins spécialistes en gynécologie, orthopédie, ophtalmo, ORL pneumo, cardio, chirurgie viscérale pédiatrique, gériatrie, cardio-vasculaire et urgentistes. ainsi que 17 paramédicaux, en vue d'apporter une coopération aux praticiens algériens pour prendre en charge des dizaines de malades de toute la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj ainsi que des patients hors wilaya, touchant toutes les spécialités. ils ont même dispensé des cours de formation à 140 étudiants en médecine venus de tout le pays. le coût de cette mission humanitaire et médicale est de plusieurs centaines de milliers d'euros. Le décryptage des statistiques de l'hôpital Bouzidi de la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj fait ressortir, pour l'année 2016, un nombre d'admissions de 14 873, le taux d'occupation des lits et de 91,33%, soit un coefficient de rotation de lits de 39 malades pour arriver au 1er semestre 2017 à 101,37% qui se résume en un coefficient de rotation des lits de 19 malades pour ce qui est des consultations, les médecins généralistes et spécialistes ont examiné 81 582, dont 53 869 avis spécialisés pour l'année 2016, au 1er semestre 2017. Il y a eu 40 516 en médecine générale et 27 152 avis spécialisés il y a lieu aussi de signaler que 36 813 ont été mis en observation médicale en 2016, et 18 880 au 1er semestre 2017. Le plateau technique et le laboratoire d'analyses médicales n'ont pas chômé. A ce titre, durant l'année 2016, 98 792 actes ont été enregistrés, au 1er semestre 2017, 48 703 analyses médicales, pour les examens de radiologie ; radiologies conventionnelle, échographie et ECG il y a eu 61 389, au 1er semestre 2017 le décompte est de 33 032. Les dépenses en médicaments à usage hospitalier sont de l'ordre de 340 262 426,10 millions de dinars en 2016, l'oncologie de la même année est de 1 320 899 881,35 dinars, le coût d'une séance de chimiothérapie est de 389 072,13 dinars, les malades dyalisés ont coûté 84 579 322,68 dinars. Si l'on pousse la logique à son extrême à la lumière des statistiques, on constate avec apitoiement que l'organisation actuelle des soins, le manque de médecins spécialistes, d'équipement médicaux, de médicaments, et au regard de son financement insuffisant aussi, ainsi qu'aux évolutions de la demande de santé des patients, l'hôpital Bouzidi est loin d'un vrai système de production de santé. Pour sortir de la crise existentielle que vivent les établissements de santé à Bordj-Bou -Arréridj en particulier et ceux de l'ensemble du territoire national, il conviendrait de developper la santé dans les écoles, au travail, et dans les milieux carcéraux et une meilleure organisation mais aussi et surtout une politique de prévention éfficace. Comme à l'accoutumée, les enfants de la nation ont répondu présents. Au patriotisme décomplexé et à l'humanisme ne se limitant pas à la parole, les membres d'une association d'aide médicale résidant à Lyon (France) se sont déplacés à la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj pour contribuer à la prise en charge médico-chirurgicale de patients algériens, en collaboration étroite avec leurs collègues exerçant dans la même wilaya. Une fois n'est pas coutume, une action citoyenne qui vient rappeler à nos «élus» ce que la solidarité veut dire pour nos enfants venus d'ailleurs.Ces mêmes enfants souvent stigmatisés par ces mêmes «élus» et convoqués lors de joutes électorales pour des desseins très éloignés des préoccupations citoyennes les plus élementaires. Puisse ce type de noble initiative se transformer en de projets communs inclusifs et structurants pour s'inscrire dans une stratégie d'échange, à long terme, entre partenaires médicaux et universitaires pour le bénéfice de tous. Que ces initiatives ne soient pas le résultat de tractations ponctuelles dont l'effet d'annonce dépasse l'intérêt réel des malades désemparés.