Salon de l'agriculture de Paris. L'Algérie présente en force avec deux purs produits du «Tiroir»...
Saâdani et Tliba ! C'est une particularité ! Je dois même dire que c'est un cas unique au monde. Nous sommes le seul peuple à nous adresser à un ... tableau. A écouter un tableau nous parler. A déposer des offrandes au pied de ce tableau. A accrocher des médailles et des écharpes bigarrées aux angles de ce tableau. Attention ! Il ne s'agit pas de culpabiliser de cet état de fait ! Parce qu'au fond, pourquoi pas ! Si les Dézédiennes et les Dézédiens aiment se planter devant un tableau et s'extasier dessus, il serait malséant de les en priver, non ? Les occasions de se faire plaisir sont tellement rares, que leur ôter celle de dialoguer avec une huile, une grosse huile plantée sur chevalet ne serait pas gentil. Et puis, dans cette messe étrange, celle d'un peuple en prosternation devant un tableau, il faut aussi et surtout voir le bon côté des choses. L'art pictural revient en force en Principauté ! C'est comme qui dirait une sorte de vernissage permanent qui nous occupe. A force d'être convoqués à venir écouter un tableau, applaudir un tableau, souhaiter longue vie à un tableau, nous donnons à voir l'image rassurante d'un peuple épris d'art pictural, tout le temps au musée, connaisseur en peinture, en traits, en styles, en écoles, en époques et en déclinaisons de la représentation peinte du réel. Aujourd'hui, chacun d'entre nous est capable de déblatérer des heures sur l'art figuratif. Interrogez n'importe quel bambin, et il pourra vous faire un exposé express sur le dadaïsme, le surréalisme et ses influences sur la grande école de New York et sur le pop'art. Alors, oui ! Il n'y a pas de mal à apprécier les tableaux. Même si c'est le même tableau, la même nature qui nous est donnée à voir. Monet l'avait déjà prévu : le même sujet n'est jamais traité de la même manière deux tableaux de suite. Non ! Monnet n'a jamais dit cela. Mais Monnet est mort, et bien mort. Il ne pourra donc pas m'apporter la contradiction. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar pictural continue. H. L.