A l'annonce de sa mort, la vallée des Mille Martyrs a sombré dans un long silence, c'est ainsi qu'on honore ses disparus à Béni Snouss, cette bourgade amazighe qui a donné les meilleurs de ses enfants à la Révolution algérienne. «Mohamed Lamkami est un authentique patriote de la première heure, il est resté, jusqu'à la fin de sa vie, fidèle à l'esprit du 1er Novembre. C'est aussi un intellectuel de haut niveau, qui n'a jamais oublié les siens et sa terre natale, il revenait souvent sur les hauteurs de Tlemcen, plus exactement à El Khemis et Sid Larbi pour se remémorer son enfance, il n'a jamais oublié la dure époque coloniale dans l'arrière-pays», nous confie le Dr Abdelmadjid Dennouni, député FLN et natif, lui aussi, de cette région ancestrale. Mohamed Lamkami a été instituteur, durant l'année scolaire 1954-1955 dans son village natal, il est ensuite affecté à Zoudj B'ghal à la frontière algero-marocaine, il commence à superviser alors l'organisation civile du FLN et à la fin de 1955, il rejoint le maquis en Zone 1 de la Wilaya V. De 1959 à 1962, il fait partie du Malg. Après avoir occupé plusieurs postes de responsabilité à l'indépendance, il terminera la rédaction de ses mémoires au printemps 2003, il dédiera son livre Les hommes de l'ombre à son père, sa mère et à tous les enfants de Béni Snouss. Faut-il peut-être marquer une halte méditative sur un passage de ses mémoires : «Je vais, autant que faire se peut, essayer, en ce début du 3e millénaire, d'en recoller les morceaux pour permettre à mes enfants et surtout à mes petits-enfants, et pourquoi pas à leur future progéniture, de suivre ce chaotique et assez long parcours et d'apprendre quelque chose sur cette Algérie qui nous fait tant souffrir et qui a souffert avec nous». A Béni Snouss, le dernier des Cheyennes est parti, en cette saison des feuilles mortes.