Les temps ne sont plus aux tergiversations au regard des défis qui se sont imposés au pays, comme c'est le cas dans la formation supérieure, par exemple, où il a été constaté, après un bilan établi en 2016, qu'une pléthore de branches était en complet déphasage avec les besoins réels du secteur économique notamment. Il a été constaté, ainsi, plus de 7 000 formations en licence et en master dispensées dans les universités et les instituts supérieurs «mais sans lisibilité ni visibilité», donc pour ne pas dire qu'elles ne servaient pratiquement à rien, à se fier aux explications de M. Nouredine Ghouali, directeur général de la formation au ministère de l'Enseignement supérieur qui, lors de son passage hier sur la Chaîne 3, est revenu sur la réforme engagée en 2004 avec, entre autres, l'introduction du système licence-master-doctorat (LMD) qui a été remis en cause lors de la Conférence nationale élargie au secteur socio-économique en janvier 2016. Il a été constaté, alors, ce déphasage de la formation avec la réalité, avec les besoins du secteur socio-économique. Il y avait, en effet, plus de 7 000 formations en licence et en master qui avaient besoin d'être «clarifiées», ce qui a été fait durant les années qui suivirent avec, par exemple, la réduction du nombre de formations offertes en licence de 3 000 à 200 et les masters de plus de 4 000 à presque 600. Cette œuvre de «clarification» était une étape que le directeur au MESRS qualifie de «nécessaire mais pas suffisante» pour la bonne raison que le déphasage entre la formation et les besoins était encore «énorme». Depuis, des formations mieux adaptées, avec un contenu et des objectifs répondant à des besoins spécifiques d'un certain nombre d'entreprises comme c'est le cas dans des filières à recrutement national comme la mécanique à Constantine, l'électronique et l'aéronautique à Blida, les hydrocarbures à Boumerdès et Ouargla, la pétrochimie à Skikda, des masters à cursus intégrés de licence à Bordj-Bou-Arréridj puisque c'est un pôle d'électronique très développé, et des licences «professionnalisantes» développées ici et là et d'autres spécialités encore. Ceci en plus des formations développées avec des entreprises comme c'est le cas de l'USTHB avec Siemens, Mobilis et Algérie Télécom. En moyenne, chaque année, l'enseignement supérieur reçoit 330 000 bacheliers qu'il essaye «avec tous les moyens possibles» d'orienter vers les filières appropriées, affirme M. Ghouali. C'est ainsi que près de 45% sont orientés en sciences et technique et 55% optent pour les sciences sociales et humaines. En moyenne encore, selon le cadre du MESRS, ce sont 50 000 couronnés d'un master en sciences et technique qui sortent des universités et grandes écoles du pays sur les 130 000 diplômés annuellement. Pour l'emploi de ce beau monde, M. Ghouali préconise que «les autres secteurs jouent leur rôle, comme l'université joue le sien», mais ce n'est pas pour autant que le secteur de l'enseignement supérieur se décharge intégralement du volet «employabilité des diplômés» puisque le ministère a pris attache avec 19 parmi les grands secteurs, ceux qui peuvent employer, malheureusement il a été constaté que près de la moitié (47%) des secteurs consultés n'ont pas une nomenclature des métiers, beaucoup également dans ces secteurs n'ont pas de plan de recrutement. En tous les cas, l'emploi, ou le non-emploi, des diplômés de l'université a atteint le stade de la préoccupation au ministère de l'Enseignement supérieur, c'est une situation suffisamment urgente pour commander une étude sur «l'employabilité» de la population de diplômés qui sort chaque année d'une part, et la carte des formations proposées de l'autre, ce que le ministère est en train de faire «de manière scientifique, méthodologique, en se basant sur le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) ou encore les études menées par le Centre de recherche en économie appliquée (Cread)», conclut le directeur général de la formation au ministère de l'Enseignement supérieur. Az. Maktour