A trop vouloir paraître fair-play avec le FLN, les responsables du RND ont fini par dégager une autre image du parti d'Ouyahia. Celui d'un mouvement qui s'aligne désormais derrière le Front de libération nationale précurseur dans la vie politique algérienne. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il ne faut pas aller chercher loin, ni remonter trop longtemps dans le temps pour en trouver la preuve. La dernière interview accordée par Seddik Chihab à nos confrères de TSA résume en quelques mots la situation. Le porte-parole et bras droit du secrétaire général du RND s'est attelé à ne laisser transparaître aucun différend avec Ould-Abbès et son parti et encore moins éprouver de gêne lorsque celui-ci critique ouvertement les choix ou démarches de son responsable. «C'est son devoir en tant que parti majoritaire d'attirer l'attention sur certaines choses», répond-il à une question portant sur les contradictions apportées au Premier ministre. Depuis sa nomination, Ahmed Ouyahia a pourtant été «recadré» à de nombreuses reprises et interpellé presque directement sur certaines «décisions» à venir, notamment en matière économique. Le projet d'ouverture du capital ou carrément de vente d'entreprises nationales déficitaires ou en difficultés financières a presque provoqué la colère de Ould-Abbès qui a alors évoqué l'existence de limites à ne pas dépasser. Une instruction présidentielle publiée au même moment a fait opérer au Premier ministre un changement de cap. Le dernier mot est donc revenu au SG du FLN. Seddik Chihab n'y voit pas d'inconvénient. «Ould-Abbès, dit-il, est le secrétaire général du parti majoritaire. Il a un discours, une politique et sa façon de s'adresser à ses militants. Il n'est pas interdit de faire des annonces. Cela nous arrive à tous de dire des choses qui sont du ressort du gouvernement en tant que parti de la majorité présidentielle. L'essentiel est que ces déclarations entrent dans le cadre de la consolidation et de l'appui que nous devons apporter à l'exécutif.» Le ton paraît neutre, empreint de toute une compilation de ces règles de bienséance qui se doivent d'être appliquées dans des réponses apportées à un adversaire à ménager. Le premier responsable du FLN passe surtout pour être le porte-voix des cercles dirigeants. Toute adversité ou contre-attaque maladroite apporterait ainsi son lot de désagréments. Ces faits ont induit une situation qui semble aller bien au-delà d'une simple trêve décrétée au nom de l'unité dont doivent se prévaloir les partis réunis autour du programme présidentiel, et s'apparente donc à un alignement rendu nécessaire par la conjoncture. Il faut dire qu'un contexte tout aussi semblable avait mené à un résultat similaire lors du passage de Ammar Saâdani à la tête du FLN. Avec des mots crus, à la limite de la correction, ce dernier avait violemment attaqué Ouyahia, alors chef de cabinet à la présidence de la République. Ammar Saâdani l'accusait notamment d'être à l'origine de l'article 51 de la Constitution obligeant les postulants à la présidence à détenir exclusivement la nationalité algérienne. Face aux critiques régulières de celui qui passait aussi pour le porte-voix d'El-Mouradia, Ouyahia avait préféré un message de «fraternité» et «d'apaisement» auquel le responsable du FLN avait répondu avec cette phrase qui a fait date : «Je n'ai pas de conflit personnel avec lui, mais je ne peux pas faire confiance à un politicien comme Ouyahia.» A. C.