Une fois n'est pas coutume, l'invitée de l'émission TV Hiwar Essa'a (Débat de l'heure) de la Télévision algérienne est une femme de lettres (même si une bonne partie de ses lettres n'ont pas été envoyées, selon le titre d'un de ses recueils). La poétesse, artiste peintre et directrice de l'Institut supérieur arabe de traduction, Inaam Bioud a l'art de dire les choses clairement et quand il faut, sans fioritures. Sans tabous, elle fait remarquer qu'il existe une contradiction entre le statut de l'arabe (et de tamazight) comme langue nationale et officielle et la réalité avec les études supérieures en langue française. Elle estime que quel que soit le choix des langues, y compris le français, il faudrait l'assumer sur tous les plans. Pas de développement sans le savoir. La crise de société en Algérie et dans le monde musulman en général est, en partie, due à la religiosité qui a remplacé la vraie foi. «La foi suppose un ensemble de valeurs comme le travail ou l'honnêteté. Aujourd'hui, la religion est devenue un ensemble de rites et on voit des gens, un tapis de prière sur l'épaule, passer devant un tas de détritus sans être pour le moins gênés par ce spectacle.» Inaam Bioud a de la peine à croire que son Damas natal est aujourd'hui dévasté par la guerre. Elle le dit haut et fort : la Syrie, qui était un exemple de coexistence pacifique des religions et ethnies, est victime d'un complot étranger. «L'avenir nous en dira les raisons : peut-être que le sous-sol de la Syrie regorge de gaz.» Par rapport à la génération qui a libéré l'Algérie, «notre devoir à nous, aujourd'hui, est peut-être de dire tout haut, quitte à être taxés d'adeptes de la théorie du complot, que l'Algérie est visée elle aussi par les complots extérieurs». K. B. [email protected]