L�ensemble des observateurs de l��conomie alg�rienne, mais surtout les acteurs de cette �conomie et � leur t�te les entrepreneurs, ont pris acte des nouveaux choix �conomiques du gouvernement qui a d�cid� de revenir au protectionnisme � la gestion administrative centralis�e et au contr�le �conomique t�tillon. Le gouvernement a-t-il raison de prendre cette voie et l��conomie alg�rienne a-t-elle int�r�t � la suivre ? Nous pensions tous qu�avec le lancement des r�formes �conomiques de la fin des ann�es 80 et les premiers pas r�alis�s dans le processus de transition � l��conomie de march� que nous n�aurions plus � nous poser ce genre de question tant l�option de l�ouverture graduelle de l��conomie et de rejet de l��tatisme semblait � tous pertinente et surtout ne relevant pas du hasard, mais bien des le�ons de notre propre exp�rience. Eh bien, force est de constater que nous �tions, encore une fois, trop optimistes sur la coh�rence de la d�marche gouvernementale et sur sa capacit� � tenir la ligne qu�il semblait avoir choisie en �toute connaissance de cause�. Nous pensions que le gouvernement pouvait comprendre qu��tre pragmatique n�est pas antinomique de la n�cessit� d�avoir une vision et de s�en tenir. Le patriotisme �conomique n�est pas la fermeture �conomique Il est vrai que malgr� les r�sultats peu probants, et pour certains pays catastrophiques, obtenus en application du fameux consensus de Washington qui pr�ne le lib�ralisme, les tenants de l�ouverture et de la lib�ralisation �conomiques sont toujours aussi offensifs. Encore r�cemment, le pr�sident de la Banque mondiale, Robert Z�llicke, faisait l��loge de la lib�ralisation �conomique et commerciale qui �entra�ne une am�lioration du bien-�tre au niveau national�. Des march�s int�gr�s li�s � l��conomie mondiale, un secteur priv� dynamique, des infrastructures adapt�es constituaient les facteurs-cl�s de succ�s �conomique pour les pays en d�veloppement. L�ouverture des march�s serait la voie la plus s�re vers la croissance et le d�veloppement. L�id�e est ancienne. Sa discussion et les innombrables r�serves qu�elle a soulev�es, aussi. On affirme aujourd�hui que l�ouverture n�est pas un moteur de la croissance mais plut�t un catalyseur susceptible de l�acc�l�rer sous certaines conditions. Mais on reconna�t aussi que l�ouverture comporte des risques, de gros risques pour les pays en d�veloppement qui ne savent pas s�y pr�parer. Et l�Alg�rie en fait partie. L��tat doit, ici, accompagner les entreprises nationales dans ce processus et �viter que l�ouverture ne creuse encore l��cart entre l��conomie alg�rienne et ses partenaires commerciaux du Nord. Pour cela, des politiques de soutien � la modernisation des secteurs productifs sont n�cessaires de m�me qu�est indispensable un environnement favorable � l�entreprise et � l�investissement. Il faut souligner, ici, que dans le contexte de mondialisation actuel lib�rale et concurrentielle, l�ouverture �conomique est une condition importante du d�veloppement. Mais elle exige la mise en place d�une strat�gie nationale de comp�titivit�, c�est-�-dire la construction � l�int�rieur de ses fronti�res de la capacit� � g�n�rer de fa�on durable un revenu pour am�liorer le niveau de vie des habitants et leur procurer des emplois tout en �tant et en restant expos�s � la concurrence internationale�. Eh bien oui, le d�veloppement �conomique n�est pas simple � r�aliser : il faut une volont� politique, il faut des comp�tences, il faut des efforts et des sacrifices. Aujourd�hui, plus que par le pass�, la comp�titivit� est au c�ur des enjeux du d�veloppement et celle-ci ne peut pas se construire en �conomie ferm�e. Dans le cas de notre pays, le retour au protectionnisme, facilement observable ces derniers temps, nous fait penser � ceux qui croient faire baisser la fi�vre en cassant le thermom�tre. Ce n�est pas en se renfermant sur sois-m�me qu�on assure aujourd�hui le d�veloppement. Dans le cas de l�Alg�rie, le probl�me n�est pas l�ouverture �conomique. Le probl�me, ou plus exactement les probl�mes s�appellent : - co�t de transaction tr�s �lev� ; - r�glementation inad�quate ; - cadre judiciaire et proc�dures administratives entra�nant corruption, favoritisme et compromission ; pression fiscale oppressante. Bref, l�entrepreneuriat est �touff� et l�incitation � fonctionner dans l�informel est forte. La croissance �conomique dans le monde actuel, c�est la comp�titivit� et celle-ci passe aussi par la construction de l�attractivit�, c�est-�-dire l�aptitude du pays � attirer les IDE, le capital productif et la technologie indispensables pour aller � un r�gime de croissance tir� par les exportations de biens manufacturiers (de masse et de haute technologie) ainsi que de services, sortir des tranch�es, refuser le repli sur soi, s�ouvrir et s�int�grer positivement � l��conomie mondiale : c�est l� que r�side la solution et non pas dans le retour au protectionnisme et au refus des contraintes d�efficacit�. Am�liorer les infrastructures, d�velopper le capital humain, assurer la qualit� des institutions, soutenir et encourager l�innovation : c�est assur�ment cela que doit �tre le programme de travail du gouvernement et non pas le Credoc, la licence d�importation, le refus des IDE, la r�animation d�entreprises publiques moribondes, m�me si, bien �videmment, l��tat doit rester au pilotage du programme et � la tour de contr�le pour �viter tout d�rapage. La question qu�il faut d�battre aujourd�hui n�est pas celle de savoir si l��conomie alg�rienne doit s�ouvrir ou, au contraire, se fermer mais plut�t celle de savoir si l�ouverture �conomique doit �tre d�abord r�alis�e qui entra�nera obligatoirement la mise en place des facteurs de comp�titivit� (l�ouverture �conomique comme contrainte d�efficacit�) ou bien s�il faut mettre d�abord en place ces facteurs de comp�titivit� puis aller ensuite � l�ouverture �conomique. L�exp�rience de l�Alg�rie du p�trole nous a appris et continue de nous apprendre que la seconde solution est la plus mauvaise : le p�trole est un soporifique qui nous fait reporter sans cesse la bataille de la comp�titivit� et qui fait tomber toute contrainte d�efficacit�.