Ce fut lors d'une récente entrevue accordée par monsieur T. Amrani, directeur de la santé de Tipasa, concernant l'état des lieux et les perspectives de développement des moyens techniques et humains au profit de la santé et en vue de répondre aux besoins et attentes de la population de la wilaya de Tipasa, qu'il nous a été révélé, la volonté de son secteur de mettre en place une structure d'aide médicale urgente (Samu), dédiée à la prise en charge des urgences médicales qui va opérer au bénéfice de l'ensemble du territoire de la wilaya de Tipasa. Selon notre interlocuteur, cette structure sera dotée d'un numéro de téléphone unique, d'un personnel spécialisé dans la prise en charge et la gestion des urgences médicales, de médecins régulateurs chargés d'orienter les équipes d'intervention selon les spécificités de l'urgence médicale, d'équipements roulants adaptés (ambulances de transfert, ambulances médicalisées), un service de réanimation médicale et un personnel urgentiste et paramédical. On nous révèle aussi qu'un équipement technique performant, spécialisé et adapté à cette opération est en voie d'acquisition. Cependant, au-delà de cette heureuse et salutaire initiative, qui est très attendue, force est d'admettre, selon des sources médicales, que «l'organisation actuelle de la médecine d'urgence reste désespérément insuffisante et ne permet pas, ni aujourd'hui, ni à moyen terme de faire face aux imparables évolutions des besoins de soins et de notre système de santé ; pour preuve, les crises successives auxquelles sont confrontés les services d'urgence (grippe, canicule, noyades, accidents de la circulation...) ne sont que la partie apparente du problème», nous avoue un médecin hospitalier, qui précise ses arguments «notre système, initialement conçu pour répondre aux drames de la traumatologie routière est astreint aujourd'hui à faire face à des besoins de santé différents et à de nouvelles pathologies à l'instar des pathologies cardio-vasculaires et neurologiques, des complications aiguës des cancers et des maladies chroniques, mais aussi à des pathologies de type social et humain (vieillissement, handicap, exclusion sociale, fin de vie, hospitalisation à domicile...), à cela, s'ajoutent la concentration de la demande de soins, l'exigence des patients et de la société en terme de qualité et de sécurité des soins», conclut notre interlocuteur. Un autre spécialiste en matière d'urgences médicales est formel à ce propos en évoquant «le caractère incontournable du Samu que détermine l'urgence en matière de santé qui est définie aussi par le patient lui-même ou par son entourage, inquiet devant des signes d'apparition brutale de la pathologie , mais aussi lorsqu'il ne trouve pas de réponse ailleurs à son problème de santé ; dès lors l'urgentiste doit avoir les compétences requises et les outils nécessaires pour assurer, avec le maximum d'efficacité et de sécurité pour les patients, le juste soin pour tous les types d'urgence», renchérit notre interlocuteur qui estime «qu'il serait irresponsable de ne pas proposer une évolution de l'organisation de la médecine d'urgence pour l'avenir en Algérie.» Selon des indications de l'Organisation mondiale de la santé, «les trois fonctions fondamentales d'un système de santé sont d'améliorer la santé de la population, de répondre à ses attentes en matière sanitaire et de fournir une protection financière en cas de maladie ou de séquelles. La médecine d'urgence répond aux deux premières préoccupations, quels que soient les pays. Elle est également au cœur de la gestion des situations sanitaires exceptionnelles se développant au gré des échanges mondiaux et deviennent une priorité de santé publique». Selon certains médias mondiaux, «les urgences constituent un des défis les plus difficiles à relever pour les pays à niveau de vie élevé, à l'instar des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, mais aussi pour d'autres pays européens, les urgences sont souvent au cœur de la problématique de la santé». Des sources locales estiment quant à elles qu'«au regard de ce problème mondial, notre pays figure malheureusement parmi les pays qui sont en deçà de la satisfaction des besoins en matière d'urgence médicale ; quoique notre pays soit doté à ce titre de récentes structures de neuro-chirurgie et de réanimation notamment celles sises à Tipasa, à Alger et à Cherchell, ce qui constitue un véritable joyau pour l'Algérie». Des sources médicales nous révèlent «qu'actuellement en Algérie, la réponse aux soins urgents et non programmés est assurée essentiellement par les structures de médecine d'urgence ou de la médecine générale privée dans le cadre des soins ambulatoires». Cette source nous informe que «les structures de médecine d'urgence assurent une mission de service public mais ne comportent ni Samu, ni services mobiles d'urgence et de réanimation». S'agissant du projet de Samu, initiative de la DSP de Tipasa, le Samu est identifié comme étant un service hospitalier dont les missions seront définies ultérieurement par voie réglementaire, et où,il est spécifié que l'aide médicale urgente est une mission de service public assurée par un établissement de santé public qui garantit un égal accès à des soins de qualité pour tous et en tout point du territoire. On nous précise, à ce titre, que le Samu de Tipasa aura pour mission de répondre par des moyens exclusivement médicaux aux situations d'urgence et dans cet objectif, il sera appelé à assurer une écoute médicale permanente, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (24/7), en déterminant et déclenchant la réponse la plus adaptée à l'appel dans le délai le plus rapide, en s'assurant de la disponibilité des moyens d'hospitalisation, publics ou privés, adaptés à l'état du patient. A ce titre, le Samu de Tipasa pourrait être tenu d'organiser, le cas échéant, le transport du patient et son accueil hospitalier, en tentant de participer à l'élaboration des plans de secours et à la prise en charge des situations sanitaires exceptionnelles. Toujours dans ce contexte et afin d'assurer une écoute médicale permanente, le Samu de Tipasa disposerait selon nos sources d'un centre de réception et de régulation des appels et, à ce titre, il sera doté d'un numéro d'appel national unique et serait astreint à prendre en compte plusieurs informations et données, dans le cadre de la régulation médicale en vue d'identifier le lieu de la détresse, l'appelant et la nature de l'appel. Cet appel sera ensuite pris en charge par un médecin régulateur qui, tout en questionnant l'appelant et si possible le patient lui-même, va déterminer le besoin de soins et engager les moyens nécessaires dans le cadre de la régulation médicale. Il convient de noter que l'engagement des moyens hospitaliers et médicaux prodigués par le Samu de Tipasa peut se faire pendant le dialogue avec l'appelant et que l'interrogatoire médical ne devrait pas retarder l'intervention d'une équipe, qui est déclenchée pendant que la discussion se poursuit. Le médecin régulateur du Samu de Tipasa aura également un rôle de conseil auprès d'un témoin ou du patient lui-même sur les gestes à faire avant l'arrivée des moyens secouristes et/ou sanitaires : cette aide aux gestes par téléphone est particulièrement importante lors d'un arrêt cardiaque par exemple. Lors des secours d'urgence, il serait exigé aux hôpitaux de toute la wilaya de Tipasa, habilités à recevoir les accidentés de la route, de se doter, en permanence, d'au moins une ambulance équipée d'un ambulancier et d'un infirmier ou un médecin urgentiste envoyés directement sur les lieux d'une détresse. Houari Larbi