Le consensus national revient au-devant de la scène nationale avec, il est vrai, des «approches» qui diffèrent d'un parti à un autre, parmi ceux qui le prônent. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Autrefois porté par le seul FFS qui en fait toujours son leitmotiv, le mot d'ordre de consensus national fait des émules depuis peu, notamment au sein des islamistes. Deux membres de cette mouvance, Islah et notamment le MSP, ont adopté cette démarche politique que le doyen des partis de l'opposition prône depuis octobre 2014. Sauf que tous les partis politiques et autres acteurs associatifs approchés dans ce sens ont désapprouvé le projet dans sa forme puisque la fameuse «feuille blanche» que la direction nationale du FFS avait présentée ne convainquait pas grand monde. Mais pas que cela puisque la démarche était perçue par beaucoup, comme un «parasitage», voire un «court-circuitage» de l'autre initiative politique plaidant pour une transition démocratique négociée et portée par les participants à la conférence de Mazafran ayant regroupé, dans une première, presque tous les acteurs de l'opposition, y compris le FFS avant que celui-ci ne marque le pas et ne s'en démarque pour proposer son projet de reconstruction du consensus national. Deux démarches et deux projets politiques qui se rejoignent, au fait, puisque le projet porté à bras-le-corps par la défunte Cltd (coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique) n'était, dans le fait, que la «phase pratique» du concept de consensus national porté par le FFS. Car, une transition démocratique suppose au préalable un accord, donc un consensus autour du mot d'ordre, y compris le quitus indispensable du pouvoir pour sortir le pays de la crise qu'il endure. À l'origine du différend Mais où se situe donc, le désaccord entre le FFS et le reste de l'opposition ? Ou les nuances qui grippent le projet tant chanté par tout le monde et qui obéit au terrible rapport de forces actuellement en faveur du pouvoir ? Pour le premier secrétaire national du FFS, la démarche du doyen des partis de l'opposition se singularise du reste des démarches et autres initiatives politiques par le fait qu'elle pose «une problématique générale». Ceci à l'opposé, selon lui, des autres acteurs qui «partitionnent» le projet en plusieurs revendications. Mohamed Hadj-Djilani, qui s'exprimait, avant-hier à l'ouverture des travaux du conseil fédéral du parti au niveau de la wilaya de Béjaïa, la démarche du FFS est un tout indivisible composé de «démocratie, des libertés, du respect des droits de l'homme et de la justice sociale, de la réalisation d'un Etat démocratique et social, conformément à la déclaration du 1er-novembre 1954 et à la plate-forme de la Soummam». Le FFS «noircit» sa feuille blanche Des doléances qui font également partie de la fameuse plateforme de Mazafran, avec, il est vrai, une toute autre formulation. Ce qui rend difficile de «lire» cette nuance avancée par la direction du FFS qui s'est tout récemment félicitée de «l'évolution positive de la classe politique qui, selon lui, et dans son ensemble, prône un dialogue inclusif et consensuel pour faire face aux difficultés grandissantes auxquelles est confronté le pays». L'instance présidentielle du FFS a, dans un communiqué rendu public, la semaine écoulée, tenu à rappeler que son projet a été engagé depuis 2014 par une série d'entretiens avec les partis politiques du pouvoir et de l'opposition, des personnalités politiques et des acteurs de la société civile, qui se poursuivent résolument avec des débats citoyens pour enrichir le projet et élargir les adhésions, encouragé en cela par les progrès réalisés depuis le lancement de cette initiative. A ce stade, il se dit «réjoui de la convergence des analyses» de ses partenaires qui considèrent comme lui que le «consensus est la solution» car les problèmes, étant multidimensionnels, requièrent une approche globale, les questions politiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales étant interdépendantes, les difficultés touchant toutes les catégories de la population et toutes les régions du pays qui exigent la contribution aussi bien des partis politiques que des représentants de la société civile, les différends économiques et sociaux qui ont pour cause première l'orientation politique du système, et de ce fait, nécessite «une approche systémique pour leur règlement». Le FFS se dit «en mesure, comme il s'y est engagé, de partager avec les acteurs concernés, dans un cadre approprié et en temps utile, les résultats de ses échanges, notamment les grands axes politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux pouvant constituer la base d'une plateforme de consensus national, qui n'exclut pas, dans la mise en œuvre, la compétition entre les partis politiques». Les islamistes se mettent de la partie La réjouissance du FFS de la convergence des analyses de ses partenaires qui considèrent comme lui que le «consensus est la solution» vient de l'intérêt que suscite le projet auprès notamment des islamistes. Un projet de consensus national auquel le MSP appelle de son côté. Dans le communiqué sanctionnant les travaux du conseil consultatif national du mouvement réuni vendredi dernier en session extraordinaire, le parti a renouvelé son appel à «l'impératif de parvenir à un consensus national pour la gestion de la prochaine étape, en cherchant sérieusement des alternatives économiques dans différents domaines». Il s'agit, selon l'instance consultative du MSP, de «saisir l'occasion du redressement des prix des hydrocarbures sur le marché international, en vue d'utiliser leurs rentes au développement global et à l'amélioration du niveau de vie des citoyens», plaidant dans la foulée, pour des «alternatives économiques dans différents domaines, au lieu de recourir aux solutions de facilité dont l'imposition de taxes et d'impôts», non sans mettre en garde contre «les retombées de cette fausse orientation qui pèse lourd sur le citoyen». Pour sa part, le squelettique mouvement Islah renouvelle son appel pour une conférence de dialogue national pour la construction d'un large consensus politique. Une rencontre à «initier par le président de la République et à laquelle prendront part toutes les parties concernées et veilleront à son succès tous les acteurs à l'effet de s'orienter vers la construction d'un large consensus politique national avec une large base populaire pour traiter la situation prévalant dans le pays», comme mentionné par le président du mouvement samedi dernier lors d'une réunion du bureau national du parti. Une rencontre qui permettra de «rétablir la confiance entre le pouvoir, les partis et les principaux acteurs du front national ainsi qu'au renforcement du front interne», a ajouté Fillali Ghouini pour qui la prochaine élection présidentielle devrait constituer une «première étape pour la concrétisation du consensus national et la consécration de l'Etat de droit et des libertés». De quoi confirmer la «nuance» du FFS dont l'un des membres de l'instance présidentielle, Ali Laskri, affirme l'opposition du parti à une candidature unique à la prochaine élection présidentielle comme préconisé par certains dont des membres de la défunte Cltd. Pour Laskri, ce rendez-vous présidentiel n'est pas dans l'agenda du FFS, affirmant samedi à Boumerdès que «tant qu'il n'y a pas un Etat de droit, tant que l'élection est fermée, le FFS n'y prendra jamais part». M. K.