Le FFS tend ses bras et se dit prêt à composer avec ceux qui partagent son analyse de la situation. Sommes-nous à la veille de la naissance d'un nouveau pôle d'opposition aggloméré autour du FFS et du MSP? La déclaration, faite le 16 mai dernier, par le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazzak Makri annonçant que son parti entamera de larges contacts avec l'ensemble des forces politiques pour parvenir au consensus national, a été saisi au vol par le FFS. Optimiste ou téméraire, le plus vieux parti d'opposition décèle dans les propos de Makri des signes positifs et une notable évolution au sein de l'opposition. «Le FFS a constaté que la position de la classe politique dans son ensemble a évolué d'une façon positive en prônant un dialogue inclusif et consensuel pour faire face aux difficultés grandissantes auxquelles est confronté le pays», s'est réjoui hier, l'instance présidentielle du FFS dans un communiqué soulignant que cette démarche rejoint «ainsi le projet de reconstruction d'un consensus national adopté par le FFS lors de son 5ème Congrès en mai 2013». Vu sous cet angle, le FFS a les arguments de son optimisme. Surtout que le MSP semble partager totalement la vision du FFS dans la formulation de sa démarche. Makri a précisé que les contacts qu'il entamera ne vont pas exclure le pouvoir sans lequel, a-t-il dit, le consensus ne peut être réalisé, il a affirmé que ce choix «certain» répond à la réalité des équilibres politiques qui ne saurait être ignorée. C'est exactement la même démarche qui a été initiée par le FFS qui le rappelle d'ailleurs dans son communiqué: «Le FFS tient à rappeler que son projet a été engagé depuis 2014 par une série d'entretiens avec les partis politiques du pouvoir et de l'opposition, des personnalités politiques et des acteurs de la société civile.» Cette convergence des analyses considérant que le consensus est la solution, réjouit bien évidemment le FFS qui repose sa démarche sur trois axes. Le premier est que les problèmes étant «multidimensionnels requièrent une approche globale» et les questions politiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales sont à ses yeux «interdépendantes». Le second axe note que les difficultés touchant toutes les catégories de la population et toutes les régions du pays «exigent la contribution aussi bien des partis politiques que des représentants de la société civile». Enfin, le FFS estime que les différends économiques et sociaux «ont pour cause première l'orientation politique du système et de ce fait nécessitent une approche systémique pour leur règlement». Ce rappel étant fait, il doit servir en filigrane de mise au point à ceux qui seraient tentés d'accaparer la paternité du projet- Le FFS tend ses bras et se dit prêt à composer avec ceux qui partagent son analyse de la situation. «A présent le FFS est en mesure, comme il s'y est engagé, de partager avec les acteurs concernés, dans un cadre approprié et en temps utile, les résultats de ses échanges.» En clair il s'agit d'une invitation en bonne et due forme à un dialogue. Un nouvel appel pour un consensus national. Mieux encore, il affiche son entière disponibilité à partager avec ses partenaires «les grands axes politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux pouvant constituer la base d'une plate-forme de consensus national, qui n'exclut pas, dans la mise en oeuvre, la compétition entre les partis politiques». Cet appel du FFS qui intervient à une année de la présidentielle et dans une conjoncture marquée par une crispation à la fois politique, économique et sociale, peut constituer une réelle alternative pour l'opposition. Le FFS comme représentant du pôle démocratique et le MSP comme porte-flambeau de la mouvance islamiste. Les deux partis d'opposition ont bien négocié le virage de leurs congrès extraordinaires, respectif, à une année de la présidentielle de 2019. Ils sont capables d'entraîner la classe politique. Reste à savoir quelle sera la réaction de la majorité présidentielle qui est pour l'instant en débris.