Le World Investment Report, autrement dit le Rapport mondial sur l'investissement, a été rendu public mercredi soir par la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Et tel que le présageaient tous les indicateurs, le rapport fait état d'une forte chute en 2017 des flux d'investissements étrangers directs pratiquement partout dans le monde, comme c'est le cas pour l'Algérie. La faiblesse des prix du pétrole et les conséquences négatives de la récession du secteur des matières premières sur le plan macroéconomique ont contribué à la contraction des flux dans les principales économies africaines, dont celle de l'Algérie. Les cours du pétrole et des produits énergétiques en général ont été, en tous les cas, un des facteurs majeurs ayant fait que, comme le rapporte la Cnuced dans son document rendu public en début de soirée de mercredi dernier, les flux d'investissements étrangers directs (IED ou IDE) vers l'Afrique ont chuté à 42 milliards de dollars en 2017, soit dans une proportion moindre de 21% que le niveau atteint une année plus tôt. En fait, les investissements étrangers directs (IED) dans le monde ont reculé de 23% en 2017, les pays africains, les Etats-Unis et le Royaume-Uni étant particulièrement touchés. Une année 2017 difficile pour le continent africain mais que relativise bien volontiers James Zhan, directeur de la Division de l'investissement et des entreprises de la Cnuced, qui a affirmé : «Les débuts d'un rétablissement des prix des produits de base, ainsi que les progrès en matière de coopération interrégionale consécutifs à la signature de l'accord de libre-échange continental africain pourraient favoriser des flux d'IED plus importants vers l'Afrique en 2018, pour autant que le contexte mondial reste favorable.» La baisse des IDE a été la grande tendance en Afrique, mais comme le note le document de la Cnuced, cette baisse diffère selon les régions et elle reste plus marquée en Afrique australe où les IED ont diminué de 66% pour atteindre 3,8 milliards de dollars. Une situation qui n'est pas étrangère à la diminution de 41% des flux vers l'Afrique du Sud pour atteindre 1,3 milliard de dollars en raison des difficultés du secteur des produits de base et des incertitudes politiques. Les flux d'IED en Angola sont redevenus négatifs (passant de 4,1 milliards dollars en 2016 à -2,3 milliards dollars), les filiales étrangères du pays ayant transféré des fonds à l'étranger. Il faut noter également que les flux d'IED vers l'Afrique centrale ont diminué de 22% et s'élevaient à 5,7 milliards de dollars, alors qu'en direction de l'Afrique de l'Ouest, les investissements étrangers ont reculé de 11% à 11,3 milliards de dollars en raison de la déprime qu'accuse l'économie nigériane, la locomotive de la région. Les IED vers le Nigeria ont, en effet, diminué de 21% pour atteindre 3,5 milliards de dollars. En Afrique de l'Est, région la plus dynamique du continent, la Cnuced fait état d'un montant de 7,6 milliards de dollars d'IED en 2017, c'est-à-dire une baisse de 3% par rapport à 2016. Il faut savoir que de ce montant, l'Ethiopie à elle seule a attiré près de la moitié de ce montant, 3,6 milliards de dollars, soit une baisse de 10% par rapport à l'année d'avant. Des chiffres qui font aujourd'hui de l'Ethiopie le deuxième pays ayant bénéficié le plus des IED en Afrique, au moment où, au Kenya, la proportion s'est élevée de 71%, du fait de la forte demande intérieure et d'investissements dans les secteurs des technologies de l'information et de la communication, explique la Cnuced tout en rappelant que le marché des investissements en Afrique reste toujours dominé par les firmes multinationales (FMN) d'économies développées (telles que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France) qui détiennent toujours les stocks d'IED les plus importants en Afrique. Cependant, le rapport montre aussi que les investisseurs d'économies en développement, notamment de Chine et d'Afrique du Sud, suivis par ceux de Singapour, d'Inde et de Hong Kong, figurent parmi les 10 premiers investisseurs en Afrique. Et puis il y a l'Afrique du Nord. Le rapport 2018 de la Cnuced nous informe que les flux d'IDE vers l'Afrique du Nord ont diminué de 4% pour atteindre 13 milliards de dollars. Malgré une baisse des investissements, l'Egypte est restée le principal bénéficiaire des IDE en Afrique alors que ceux du Maroc ont augmenté de 23% pour atteindre 2,7 milliards de dollars, grâce notamment à des investissements importants dans le secteur automobile. Le contexte économique en Afrique s'est donc globalement répercuté sur la volonté des investisseurs étrangers de mettre des fonds dans une économie en plein devenir. L'Algérie, pour des raisons qui lui sont propres évidemment, n'échappe pas au constat qui vaut pour le continent. La Cnuced a relevé que les IDE captés par notre pays en 2017 sont en baisse de 26% par rapport au 1,63 milliard de dollars enregistrés en 2016, baissant pour atteindre 1,2 milliard de dollars, un flux diversifié de capitaux investis par notamment les Asiatiques, notamment le groupe de télécoms chinois Huawei et le sud-coréen Samsung qui a lancé une usine de montage de smartphones dans le pays, précise la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et l'investissement dans son rapport 2018 sur l'investissement dans le monde publié mercredi. Les IDE devraient rebondir en Algérie, pronostique la Cnuced pour les années à venir, et ce, grâce aux amendements qui devraient être introduits à la loi sur les hydrocarbures puisque, rappelle l'organisation onusienne, les IDE dépendent, dans une très grande mesure, de l'investissement dans le secteur du pétrole et du gaz. Az. Maktour