Canicule ! Le ministère de la Santé conseille aux citoyens de la Principauté de se protéger en buvant beaucoup ! Alors moi, bon citoyen, je bois ! N'attendant même pas qu'il fasse... 33, je bois à horaire fixe. 16h64 ! Nous feignons de découvrir en 2018 que la violence est là. Installée. Sur la durée ! Nous sur-jouons les révoltés, petit poing levé et likes de Facebook brandis comme des coutelas sous le pif hilare de la violence. Un «parkingueur» tue un «stationneur» pour 50 dinars, sous les yeux du fils de la victime, gamin de 6 ans, terrorisé dans la voiture, et nous décrivons sur un ton docte un «phénomène nouveau». Comme un bouton de fièvre qui se serait déclaré la nuit, subitement tout à coup. Un papa qui refuse de se faire arnaquer par un «plagiste» est lui aussi assassiné sous les yeux de sa famille traumatisée et nous en concluons savamment à une grave dérive. Nous avons l'émoi, mais pas la mémoire ! Dois-je rappeler que c'est ce même Etat, et pas un autre, qui, un jour, reculant devant ses devoirs d'Etat, a décidé de consacrer officiellement le «métier» de parkingueur, et avant lui celui de loueurs de tables, de chaises et de parasols de plage ? Yek je ne suis pas allé puiser ce rappel dans les annales d'une autre contrée, d'une principauté voisine. C'était ici, en Dézédie que des lumières de la gouvernance nous avaient expliqué, avec force gouttes de sueur et de peur froide des émeutes, qu'il s'agissait à travers cette validation de l'informel de faire baisser le chômage et la délinquance. L'Etat a créé ses propres monstres. Comme souvent d'ailleurs sur ces 30 dernières années. L'Etat a fabriqué en laboratoires ces machines à tuer. Par l'abandon de l'école, d'abord ! Par l'abandon des structures de loisirs et de culture et des sports, ensuite. Et enfin par l'abandon de sa mission principale d'Etat, celle de faire respecter la loi. L'Etat a réduit son champ d'intervention autoritaire aux bloggeurs. Il a, par contre, offert des champs de concessions infinis aux bandes de racketteurs et aux «bouchers-promoteurs-immobiliers-dealers». Cet Etat a failli. Il ne s'agit pas d'une faillite passive. Que nenni ! C'est une faillite active. L'Etat est co-auteur de la violence ! Si dire cela aujourd'hui, ici, sans détour doit accroître la population carcérale, je suis prêt ! JE SUIS PRÊT ! En attendant, je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L