Joachim Löw le sait : la victoire à l'arrachée de l'Allemagne contre la Suède samedi (2-1) peut être un déclencheur psychologique pour son équipe, mais elle n'a pas effacé d'un coup les carences entrevues lors du premier match, perdu contre le Mexique (1-0). Toni Kroos, de son coup franc d'anthologie, a sauvé son pays d'une élimination qui lui pendait au nez. Mercredi contre la Corée du Sud, une victoire avec deux buts d'écart offrira à coup sûr la qualification pour les 8es de finales, quel que soit le résultat du match Suède-Mexique en parallèle. Les outsiders Sud-Coréens n'ont sans doute pas les moyens d'arrêter les champions du monde. Mais ensuite ? Lors de la phase à élimination directe, il faudra être capable de reproduire pendant 90 minutes un niveau de jeu que la Mannschaft n'a tenu qu'en seconde période contre la Suède. «Après trois mi-temps laborieuses et sans cap défini, l'équipe d'Allemagne a enfin montré durant les 45 dernières minutes à Sotchi les vertus absolument indispensables à qui veut aller loin: l'engagement, la détermination, la volonté de s'affirmer», commente dimanche matin le magazine allemand Kicker sur son site internet.
Où est le bloc défensif ? La première période contre la Suède a en effet ressemblé à la défaite contre le Mexique. Malgré une possession de balle écrasante, les quadruples champions du monde se sont fait piéger les premiers sur un contre, à la suite d'un ballon perdu par Kroos. Et pendant ce temps, les attaquants butaient sur une défense regroupée, en partie par manque d'imagination et de créativité. «Notre problème, c'est que nous perdons notre ligne de conduite et que nous nous mettons en difficulté nous-mêmes avec de mauvaises passes. Nous devons être plus calmes et plus concentrés», a assuré après le match le manager général de l'équipe, l'ancien international Oliver Bierhoff, très proche du sélectionneur Joachim Löw. Contre le Mexique, les montées des latéraux n'avaient en outre pas été couvertes, ouvrant des boulevards aux attaquants sud-américains en contre. L'autre chantier se situe devant, avec l'absence pour l'instant d'un véritable buteur capable de débloquer les situations. «Nous avons eu des phases pendant lesquelles nous étions bien, nous nous sommes créé des occasions mais nous ne les avons pas concrétisées», a admis Toni Kroos, le héros de la soirée.
Décisions délicates Depuis la retraite de Miroslav Klose, le recordman des buts en Coupe du monde (16), l'Allemagne se cherche un avant-centre. Thomas Müller, qui avait assuré l'intérim en 2014, est jusqu'ici passé à côté de son tournoi. L'éclosion de Timo Werner, 22 ans, brillant l'an dernier en Coupe des confédérations, a laissé penser un peu vite que le problème était réglé. Mais l'attaquant de Leipzig vient de traverser deux matchs sans marquer ni se montrer dangereux devant le but. Pour continuer à marcher vers la cinquième étoile, Joachim Löw va probablement devoir prendre des décisions délicates. Contre la Suède, son audace a été récompensée : Özil et Khedira, deux de ses joueurs fétiches, sont restés sur le banc et il a fini le match avec cinq attaquants dont quatre n'étaient pas des champions du monde-2014. Jusqu'où est-il prêt à renouveler l'équipe en écartant les «historiques» ? Thomas Müller, hors du coup, sera-t-il le prochain sacrifié ? Soucieux, en bon coach, de maintenir son effectif sous pression, Löw a assuré que «ceux qui n'ont pas joué vont bien sûr être utilisés. De même que Mesut Özil et Sami Khedira, nous aurons besoin des deux», a-t-il ajouté. Sa prochaine composition contre la Corée donnera un signal pour la suite de la compétition.