La semaine a été pénible. On nous avait promis qu'elle allait secouer le pays et le monde par ses révélations explosives, voilà qu'elle tient manifestement sa promesse. En l'occurrence, il paraît que ça peut même aller loin, très loin, cette histoire de cocaïne. Ça va même un peu trop vite pour le citoyen ordinaire habitué aux affaires qui traînent jusqu'à ce qu'on les oublie. Ça traîne et ça en dit trop ou pas assez... Cette fois-ci, c'est différent, ça y va et ça promet chaque jour un peu plus. Est-ce que c'est la même histoire, c'est une autre parmi celles promises, c'est une affaire à elle toute seule «comme une grande» ou il n'y a aucune affaire dans cette... affaire du limogeage du général Hamel ? Bizarrement, il avait parlé lui aussi, alors que d'habitude, il ne s'exprime que dans les séminaires et autres activités périphériques liées à sa fonction, jamais en tant que policier, dans sa vraie vocation. Enfin, les mauvaises langues prétendent que pour une fois qu'il a parlé, il a sauté. Ou, pour être vraiment dans les formules du terroir, «il a ouvert la bouche et ses dents se sont envolés» ! Ce n'est pas vraiment certain que ce soit ce qui a valu sa place au général mais allez soutenir le contrôle et vous constaterez à quel point vous êtes ridicules ! C'est que «DGSN». Ça en sait des choses et ça détient des dossiers, tout le monde est convaincu que c'est pour cela que le directeur de la Police nationale a été limogé. C'est le premier d'ailleurs, si la mémoire ne nous joue pas des tours, les autres ayant été déboulonnés par de douteuses promotions ou par l'assassinat, comme c'est le cas d'Ali Tounsi, auquel on a attribué du coup toutes les vertus, ce qu'on n'a pas forcément fait de son vivant. La mort change drôlement, ça vous change les choses et ça vous change les hommes, il n'y a rien à dire. Cette fois-ci, le patron de la police a été viré, vous vous rendez compte ? Il paraît que si «on» ne lui a pas «réservé le même sort» que son prédécesseur, c'est parce qu'il est particulièrement malin, contrairement à ce que laisserait supposer sa tête de premier de la classe, naïf et sans roublardise. Allez prétendre que le général ne sait pas tout de l'affaire de la cocaïne et de toutes les autres dont le ministre de la Justice nous a généralement promis les révélations. Allez suggérer qu'il n'était pas sur le point de tout balancer, avant d'être surpris par son dégommage ! Allez dire que ça ne concernait pas des ministres, des généraux, des «plus hauts» et plein d'autres encore et vous apprendrez à vos dépens à quel point vous mesurerez le gouffre qui vous sépare de vos compatriotes. Surtout quand la vie leur... «donne raison». Ils étaient sûrs que tous les trafics étaient le fait des gens du pouvoir, ils en ont eu la preuve. Ils sont convaincus que tout responsable qui tente de dire la vérité est éliminé d'une manière ou d'une autre, le général Hamel vient de les conforter dans leurs certitudes. Mais certitudes pour certitudes, rien ne résiste à la plus forte d'entre elles : tout ça n'est qu'un scénario, dont on accepte le rôle ou le spectacle, selon la position de chacun. Si vous ne partagez pas celle-ci, c'est que votre cas est grave, sinon désespéré. S. L.