La semaine a été pénible. D'abord cette «continuité» que rien ne semble perturber. Par intermittence, vous pouvez être saisis par cette vague impression qu'il se passe quelque chose de vraiment nouveau, sachez que c'est une illusion. De toute façon, vous n'avez pas le temps de réaliser et vous êtes déjà rappelés à la vraie vie. Tenez, par exemple : quel que soit l'avis qu'on peut avoir du limogeage du général Hamel, ça a quand même constitué un «événement». Le chef de la police qui se fait remercier, comme ça, sans même les formules traditionnelles, dans la foulée d'une explosive affaire de trafic de cocaïne, ça n'arrive pas souvent. Surtout pas dans un pays où on a toujours l'impression qu'il ne se passe jamais rien. Mais tout ça est déjà derrière nous et c'est le remplaçant du général qui a fait l'actualité de la semaine. En nommant le colonel Lahbiri à la tête de la Sûreté nationale, on nous a encore remis les pieds sur terre, si d'aventure, on les avait ailleurs. Toujours est-il que le remplaçant de M. Hamel est militaire mais on aura surtout remarqué qu'il est très vieux. Comme d'habitude, ceux qui ont voulu en rire ont fait cette vanne un peu facile, inspirée par le fait que le colonel Lahbiri vient de la Protection civile : il y a le feu à la DGSN ? D'autres ont été plus sobres : à quand un flic comme chef des flics ? La semaine a été pénible. On ne connaît pas vraiment le niveau de responsabilité de Madame Houda Feraoun dans les coupures d'internet que les Algériens ont subies pendant les épreuves du bac. On sait seulement qu'elle affectionne ce genre de posture où elle se donne l'image de femme à poigne qui sait prendre les décisions, quitte à irriter beaucoup de monde. Comme la ministre de la Poste et des Technologies de la communication n'a pas dû apprécier que la décision d'étrangler le réseau pendant plusieurs jours ne lui revient pas entièrement, pour des raisons évidentes, elle est encore revenue cette semaine, toute seule, comme une grande : personne ne sera indemnisé, c'était une décision politique du gouvernement et non une négligence technique. Bien sûr, elle ne nous dit pas quel est le plus grave des deux. Un mot de Coupe du monde, quand même. D'abord parce que c'est tout de même un événement planétaire, ensuite parce que nous y sommes en plein et enfin parce qu'il faut bien trouver quelque chose de moins pénible pour terminer. A l'heure où se rédige ce texte, les matchs de quart de finale n'ont pas encore commencé. Si on ne sait pas vraiment pour qui vont vibrer les Algériens, on sait pour qui ils ne vont pas vibrer. Allez, une autre vanne pour la route. Blessé, le grand buteur uruguayen Edison Cavani était incertain pour le match contre la France à tel point qu'il a tenu en haleine tout un pays. Que Didier Deschamps veuille gagner la Coupe du monde sans Benzema, ça passe. Mais qu'il veuille la gagner sans Cavani... ! S. L.