L'équipe d'Angleterre 2018 n'est «pas un produit fini», selon son propre entraîneur Gareth Southgate, et pourtant elle est déjà parmi les quatre meilleures du monde, pour la première fois depuis 1990. La Coupe du monde n'a jamais été aussi près de «rentrer à la maison», et c'est une bande de gamins qui pourrait la ramener. Avec, au minimum, une demi-finale contre la Croatie mercredi, la semaine qui vient sera magnifique à vivre pour le foot anglais dont l'avenir est de toutes façons très prometteur, selon le sélectionneur. De Jordan Pickford, gardien de 24 ans brillant contre la Suède (2-0) en quarts de finale samedi, à Harry Kane, 24 ans également et actuel meilleur buteur du tournoi (6 buts), les nouveaux héros de l'Angleterre ne sont même pas encore au sommet de leur carrière, promet Southgate. «Nous ne sommes pas un produit fini, dit le jeune sélectionneur (47 ans). Nous savons que nous serons plus forts dans les années à venir, mais il y avait une énorme opportunité que nous ne voulions pas manquer». Ses joueurs essaieront déjà de faire mieux que la génération Gary Lineker, privée aux tirs au but de finale il y a 28 ans par la RFA (1-1, 4-3 t.a.b.).
«Jouer un beau football» «Beaucoup d'entre nous n'étaient même pas nés», rappelle Kane, mais ils sont «fiers de rendre fiers les supporters», et de toujours avoir la volonté de «jouer un beau football». «Il faut juste essayer de continuer comme ça, nous sommes à une marche du plus grand match qui existe pour un footballeur professionnel», poursuit-il. Le capitaine est resté muet, et plutôt discret contre les Suédois, mais d'autres éléments de la jeune garde ont brillé. Harry Maguire (25 ans) a ouvert le score et «a été géant dans les deux surfaces», a salué Southgate. Le coach a aussi mis en valeur «le super centre de Jesse» Lingard (25 ans) pour le deuxième but signé Dele Alli (22 ans), un autre fleuron de l'avenir du foot anglais. «Dele a bien défendu, mais je lui ai dit de garder un peu d'énergie pour ses fameuses courses vers le second poteau aussi», sourit le manager. Cette qualification est déjà une consécration du travail de Southgate, arrivé en 2016 pour remplacer en urgence Sam Allardyce, éjecté au bout d'un seul match dans un parfum de scandale. Piégé par des journalistes, il expliquait comment contourner les règles en matière de transferts. L'ex-coach des Espoirs (2013-2016) a pris le poste escorté de doutes sur ses capacités. Southgate a choisi de miser sur un style de jeu offensif et de renouveler les cadres. «Nous avons travaillé dur pour définir (ce style de jeu). Mais quand j'ai rejoint le FA (Fédération anglaise, ndlr) il y 5 ans c'est parce que je pensais que c'était possible».
Southgate défend la formation «Nous progressons, même si nos internationaux sont encore à l'âge tendre de leur carrière, nous croyons en eux», insiste Southgate, citant par exemple John «Stones et encore Maguire, deux centraux qui sortent la balle proprement, c'est assez symbolique.» «Cela montre à nos clubs que nos joueurs peuvent jouer (en Premier League, ndlr), ils sont super techniques», se félicite le sélectionneur. Car les joueurs anglais ne représentent que 33% du temps de jeu en Championnat d'Angleterre... Le sélectionneur défend toute la chaîne du football anglais, dont il est le dernier maillon. «Nous sommes très heureux que nos jeunes joueurs travaillent avec des grands coachs, Klopp, Mourinho, Conte, Guardiola; Arsène (Wenger) aussi a développé beaucoup de jeunes, mais notre système de formation mérite du crédit, il a produit ces joueurs avant que ses coachs ne les aient». De ses internationaux, Southgate souligne aussi la «mentalité extraordinaire, l'humilité, la reconnaissance d'où ils étaient il y a 18 mois». Cette nouvelle génération rêve d'égaler celle de Bobby Charlton, championne du monde à Wembley en 1966. Les parents de certains joueurs n'étaient pas encore nés. «Nous avions dit que nous voulions écrire notre propre histoire, conclut Kane. C'est formidable de disputer cette Coupe du monde, mais je sens que les gars et moi on n'a pas encore fini, nous ne voulons pas rentrer à la maison, nous voulons aller au bout. Et quoiqu'il arrive, nous sommes fiers de nous.»