Il est environ 21h dans cette station de métro d'Alger. Pas l'ombre d'une femme sur les quais. En face de moi, sur l'autre quai, un vieux barbu en «kamis» (gandoura d'origine saoudienne) tripotait rageusement son téléphone portable. Un autre barbu, tout aussi âgé et «kamisé», arrive sur le même quai. Décidément, c'est la soirée des vieux barbus en kamis, puisque je vois un troisième sur le même quai que moi. Toujours pas de femmes ! Un premier jeune homme, rasé et portant pantalon, arrive. L'habit, certes, ne fait pas le moine, ni d'ailleurs l'imam, mais un peu de style ou d'élégance ne fait de mal à personne. Certains vont dire que le «kamis» fait partie de nos traditions vestimentaires et que ceux qui le portent veulent se distinguer des Occidentaux. Dans ce cas, pourquoi porter, comme les trois barbus du métro, une casquette à visière d'une marque européenne connue, des baskets et un gilet sport d'une marque occidentale bien visible sur le dos ? Cette station de métro d'Alger, ce soir-là, était certainement un microcosme de la «nouvelle société» algérienne qui a considérablement vieilli et pas uniquement dans l'âge. K. B [email protected]