De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Sarkozy, ex-Président français est intronisé porte-parole d'une expédition guerrière contre un Etat souverain. L'époux de Carla s'en va en Libye, massacre avec les forces de l'Otan des milliers et des milliers de gens, si ce n'est des millions, fait la poche à Gueddafi, alors chef d'Etat légitime, fait éclater un pays entier, jette à la mer des pauvres désemparés qu'on désigne sous le vocable neutre de migrants, rentre chez lui, se présente à la primaire de son parti pour la présidentielle, perd et continue, tranquillement, son existence. La presse lui donne la parole plus souvent que de raison, montre des images et des photos du tueur en compagnie de sa belle épouse, Carla et de sa fille Guilia, magnifique créature. Nicolas Sarkozy coule des jours heureux, est recruté dans des banques comme membre de conseils d'actionnaires, il sévit dans plusieurs machins de ce genre. Des professionnels qui n'ont pas encore perdu le sens du métier et de l'honneur, tentent, il est vrai, de le coincer en s'appuyant sur des juges, notamment d'instruction honnêtes. Faut pas rêver, pourtant. Le parquet, c'est-à-dire l'exécutif, ne permettra pas l'embastillement de Sarkozy. Pas pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. C'est trop risqué. Raison d'Etat. Peut-être et encore écopera-t-il de quelques jours de sursis pour détournement d'argent ou pour l'affaire Bygmalion, mais pas plus. Les juges de La Haye n'ont jamais eu l'idée de le convoquer. Ni lui, ni l'ex-chef de gouvernement britannique, son complice, ni les militaires de l'Otan. Les morts libyens comptent pour du beurre. Ce sont des berbères arabisés ou des arabes de la rive-sud de la Méditerranée, on ne dérange pas la Cour de La Haye pour ces gens-là. John Bolton, même si les raisons qu'il invoque ne sont pas de même nature, a raison de mépriser cette cour si peu glorieuse et à plusieurs vitesses. Les grands criminels de guerre et contre l'humanité n'ont pas de soucis à se faire. Les juges de La Haye veillent au grain pour leur quiétude. Sarkozy peut toujours faire la Une des journaux français et apprécier ses jours heureux avec Guilia, sa charmante fille. Les Guilia libyennes, mortes en Libye ou en Méditerranée, ne méritent pas que les magistrats de La Haye leur rendent justice... Ainsi va le monde. Ce monde. A. M.