Ils n��taient pas nombreux au cimeti�re de Sid-Ahmed Senouci, en cette matin�e du 3 juin, les fid�les de Messali qui sont venus pour la plupart des autres r�gions d�Alg�rie. Certains, malgr� leur �ge avanc�, n�ont pas h�sit� � faire le d�placement � Tlemcen pour rendre hommage � leur vieux compagnon de route et de lutte. Des anciens militants du PPA et du mouvement national se souviennent de cette journ�e du 3 juin 1974, ils �taient pr�sents, ce jour-l�, pour jeter un dernier regard sur ce cercueil pos� sous l�ombre des peupliers de ce grand cimeti�re qui ne pouvait contenir une foule qui tenait � saluer l�enfant du bled, mort en exil. Ce jour-l�, malgr� la pr�sence des services de s�curit�, la peur avait disparu et pour la premi�re fois les traditions tlemc�niennes furent bouscul�es, la pr�sence des femmes aux fun�railles de Messali ne choqua personne et inqui�ta m�me les services de s�curit� qui craignaient des d�bordements au moment o� justement une femme recouvra le cercueil de Messali avec l�embl�me national. Messali venait enfin de remporter une derni�re victoire sur ses adversaires en attendant le jugement de l�histoire. En ce 36e anniversaire de la mort de cette figure charismatique du mouvement national, des questions restent toujours pos�es. A l�arriv�e de Bouteflika au pouvoir il y a eu, certes, une r�habilitation officielle du fondateur de L�Etoile nord-africaine (ENA) et du Parti du peuple alg�rien (PPA), mais, en dehors de l�a�roport de Tlemcen qui porte le nom de Messali, la nouvelle g�n�ration ignore compl�tement l�existence de ce patriarche de la cause nationale. Cela explique que ceux qui viennent se recueillir chaque ann�e sur la tombe de Messali viennent des autres r�gions du pays. Ce jeudi, il y avait peu de Tlemc�niens � l�exception de quelques amis et des proches de la famille Messali. Il faut dire que le recueillement sur la tombe de Messali se fait chaque ann�e dans la totale indiff�rence des autorit�s locales, y compris les �lus. Seule l��pouse du d�funt Redouane Hamidou �tait pr�sente � cette c�r�monie de recueillement qui commence � g�ner certains responsables et pour cause, l�opinion publique commence � se poser la question : pourquoi continue-t-on � ignorer cette page d�histoire ? Ce qui a fait dire � un militant de la cause nationale : �Qui a peur du verdict de l�histoire ?� Selon certaines informations qui nous �t� confirm�es par des personnes pr�sentes � ce 36e anniversaire de la mort de Messali, les responsables locaux ont refus� de donner une autorisation pour la tenue d�une conf�rence pr�vue pour la circonstance. Aussi, comment peut-on remonter le cours de l�histoire du mouvement national sans faire une halte m�ditative sur la longue marche de l��pop�e r�volutionnaire ? Le devoir de m�moire s�impose, car aucun peuple, aucune civilisation ne peut se passer de la pr�face de son histoire. De l��mir Abdelkader jusqu'� Boudiaf, l�histoire de l�Alg�rie ressemble � un passionnant feuilleton amput� volontairement de quelques �pisodes et pas des moindres. Le lourd silence entretenu savamment sur le r�le des grandes figures du mouvement national est lui-m�me r�v�lateur de la violation de la morale r�volutionnaire.