L'affaire du président de l'Assemblée populaire nationale, Saïd Bouhadja, a connu un nouveau rebondissement, hier mardi. Face au refus de ce dernier de déposer sa démission comme exigé par les quatre partis de la majorité présidentielle en plus du groupe des indépendants à l'APN, c'est, cette fois, la présidence de la République qui s'implique, de manière indirecte mais suffisamment claire, pour signifier la fin de règne de l'actuel troisième personnage de l'Etat. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le palais d'El Mouradia s'est manifesté, en effet, à travers le ministère des Affaires étrangères qui, comme nous l'annoncions dans notre précédente édition, est intervenu, hier mardi, à sa manière, dans cette affaire Bouhadja. Ont été, effectivement annulées, les audiences que devait accorder, au niveau de l'Assemblée, d'abord ,le député islamiste, Lahkdar Benkhellaf à l'ambassadeur du Japon à Alger, puis le président de l'APN Saïd Bouhadja à l'ambassadrice de Cuba à Alger. Ce n'est pas tout. Bouhadja verra également être annulée l'audience qu'il devait accorder à l'ambassadeur de Tunisie à Alger et initialement prévue pour aujourd'hui mercredi. Selon une source officielle, «il s'agit-là, à travers ces annulations d'activités d'ordre diplomatique d'un message destiné à Saïd Bouhadja pour qu'il comprenne que, désormais, il n'a plus seulement affaire à des groupes parlementaires ou des partis politiques, mais à l'Etat» ! D'ailleurs, et depuis qu'il fait face à la gigantesque contestation communément menée par une coalition composée du FLN, du RND, du MPA, de TAJ du groupe des indépendants à l'Assemblée, en plus de députés de 25 autres petits partis alliés au parti majoritaire le FLN, qui, tous, ont demandé son départ de la tête de l'APN, Bouhadja n'a cessé de répéter, à travers des déclarations médiatiques ou à certains de ces visiteurs, que «seul un appel du président de la République en personne me fera partir». En réalité, Saïd Bouhadja a déjà adressé un courrier officiel à Abdelaziz Bouteflika où il précisait qu'il a été… démissionné, en faisant allusion à la motion signée contre lui par les 351 députés. «Il espérait une réponse officielle de la part du Président ou de la présidence. Ce qui n'adviendra jamais, bien évidemment», nous révèle notre source qui explicite toutefois la chose lorsqu'elle précisera encore : «Quand la présidence ne répond pas à un courrier, cela équivaut une réponse tout de même ! Un silence, en l'espèce, qui signifie un acquiescement présidentiel à l'action des députés et des partis de la majorité engagée contre Bouhadja». A en croire certaines indiscrétions aussi, le toujours président de l'APN, ne se faisant plus trop d'illusions quant à la position réelle de Bouteflika, aurait confié à certains de ces visiteurs que, si d'ici jeudi il n'obtenait pas de réponse officielle à la correspondance qu'il avait adressée à la présidence, il déposerait sa démission. Quoi qu'il en soit, l'homme aura tout fait pour résister face à ses contestataires «directs», à savoir les députés de son propre camp politique, y compris en s'alliant avec les députés de l'opposition. En tout cas, il multiplie les rencontres avec l'opposition. Hier mardi, il a reçu, par exemple, le groupe parlementaire du RCD. «Peine perdue ! Il partira et cela ne saurait tarder», affirme notre source qui évoque l'agenda assez chargé qui attend le Parlement en cette rentrée… K. A.