Le FFS dresse un tableau noir de la situation du pays, réitérant son mot d'ordre de reconstruction du consensus national, seule issue à même de venir à bout de la crise multidimensionnelle qu'endure le pays. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Ali Laskri, qui intervenait hier à l'ouverture des travaux de la conférence nationale des élus locaux du parti, à Zéralda (à l'ouest d'Alger), n'a pas manqué d'arguments pour étayer son constat, énumérant bien de facettes de cette crise. Entre autres, le «droit à l'autodétermination dénié au peuple algérien, alors que le droit d'avoir des droits constitue la raison d'être et la légitimité fondatrice de l'Etat algérien, les libertés individuelles et collectives violées systématiquement pour éviter tout contre-pouvoir, le pouvoir autoritaire centralisé et policier qui contrôle le Parlement, la justice, la presse publique et privée et qui empêche la société civile de s'organiser pacifiquement, qui entrave par tous les moyens (pressions, intimidations, répressions, poursuites judiciaires, licenciements, abus de pouvoir, arrestations de journalistes, emprisonnement de militants politiques, associatifs et des droits de l'Homme…) l'action de l'opposition politique». Pour le coordinateur de l'instance présidentielle du doyen des partis de l'opposition, le régime «s'affirme et se drape d'une façade démocratique avec un Parlement illégitime qui ternit et met à mal l'image du pays à l'étranger, la Constitution amendée a mis en place un système présidentiel ne laissant aucune initiative au Parlement». Et de signifier à bon escient que les parlementaires du parti ont appelé le 2 juillet 2018 à la clôture de la session parlementaire et au lieu de présenter le bilan annuel du Parlement et d'évaluer l'année parlementaire dans le domaine de la législation et sur le plan de l'activité parlementaire, notamment le contrôle de l'action de l'exécutif, les présidents des deux Chambres ont profité de cette tribune pour faire la promotion de réformes ratées, imposées par le pouvoir, loin de tout consensus et hypothéquant l'avenir du pays et des générations futures (hydrocarbures, gaz de schiste, privatisation des entreprises, foncier agricole). Des députés qui ont demandé d'observer une «éthique politique et de cesser d'utiliser le Parlement comme comité de soutien au pouvoir (promotion du bilan du chef de l'Etat, soutien au 5e mandat)», justifiant, de ce fait, la décision de «boycotter l'ouverture de la session parlementaire le 3 septembre 2018 pour dénoncer la mainmise du pouvoir exécutif sur le législatif, la mise en péril de l'avenir du pays et l'ascension vers une Algérie démocratique et sociale, et la majorité usurpée et les gouvernements successifs excellant dans la violation de la Constitution et des lois, et la pratique des coups de force et de la violence». Et encore plus récemment, a tenu à rappeler Laskri, pour récuser «les coups de force, la violence et la mise en faillite des institutions, les parlementaires du FFS, pour une énième fois, ont boycotté la mascarade du 24 octobre 2018». Allusion à la séance plénière de la Chambre basse du Parlement de mercredi dernier ayant porté sur l'élection d'un successeur de son président, Saïd Bouhadja, dans le sillage du bras de fer ayant opposé, quatre semaines durant, les députés de l'allégeance à celui qui se considère toujours comme étant le président légitime de l'APN. Rappelant que les députés du FFS avaient demandé la constitution d'une «commission d'enquête sur la réapparition des épidémies et des maladies infectieuses et la gestion catastrophique du dossier de l'épidémie du choléra, ce qui est valable aussi pour les retards et surcoûts des projets structurants, des concessions du foncier agricole, des inondations ayant causé des victimes et des dégâts considérables, ce qui reflète la gabegie, la corruption et la mauvaise gouvernance du régime». Laskri a regretté «qu'au lieu que leurs discours traitent des grands dossiers de corruption dans lesquels sont impliqués de hauts responsables au niveau du pouvoir, les présidents des deux Chambres excellent dans les attaques contre l'opposition et contre tous ceux qui réclament le changement par la transparence et une bonne gestion des affaires du pays». Et de considérer que le «patriotisme aujourd'hui, c'est la construction d'un Etat fort», ce pourquoi, le coordinateur de l'instance présidentielle du FFS signifie «continuer de militer pour un Parlement souverain, autonome, représentant le peuple et ses aspirations, qui ne seront concrétisées que par un consensus national et l'élection d'une Assemblée constituante, prélude à l'instauration de la deuxième République». M. K.