«Les services de la Sûreté de wilaya d'Oran ont démantelé un réseau criminel spécialisé dans la falsification de documents de logements sociaux. Agissant sur information… faisant état de l'activité d'escrocs faisant croire à des citoyens qu'ils pouvaient bénéficier de logements sociaux moyennant des sommes considérables, les investigations ont permis d'arrêter les éléments de ce réseau», nous apprend l'APS. Le fait n'est pas d'une grande nouveauté, les petites comme les grandes escroqueries au logement relèvent du «travail» ordinaire depuis que le… logement social existe. Un peu plus quand même depuis que la corruption s'est installée dans tous les secteurs, au point de ne pas pouvoir imaginer qu'un pan de l'activité nationale aussi important et aussi lucratif puisse en être épargné. Mais il y a quand même des secteurs plus gangrenés que d'autres et des segments d'une même activité plus touchés que d'autres. S'agissant de logement, c'est dans «le social» que la pratique a atteint les sommets. D'abord parce que, des décennies durant, c'était l'unique formule d'accès à une habitation pour tous ceux qui ne pouvaient en payer une cash ou construire lui-même sa maison individuelle. Ensuite parce que, quand il y a gratuité, cela suscite forcément la convoitise de tous ceux qui ont quelque pouvoir direct ou par le truchement des entrées, souvent intéressées. Cela a donné des privilégiés qui ont un, voire plusieurs appartements dans… chaque wilaya. Et des «quotas» à chaque «distribution» pour des responsables à différents niveaux, dont ils font une affectation discrétionnaire. Et ce n'est pas parce que le logement social est devenu, du moins en théorie, vraiment… social, depuis l'avènement d'autres formes d'accès, que les choses ont changé. Le «coffre-fort» est toujours là et les vocations se sont multipliées. A tel point qu'on appelle maintenant les «escrocs au logement» ceux qui prennent l'argent alors qu'ils ne peuvent pas en obtenir pour leurs «clients». Pas ceux qui ont le bras suffisamment long pour… tenir parole et livrer des appartements contre «tchipas» sonnantes et trébuchantes ! Parce que si des gens se font escroquer par de «faux» logeurs qui empochent du fric avant de disparaître dans la nature, c'est parce qu'il y a de «vrais corrompus» qui, eux, sont suffisamment puissants pour «assurer la marchandise» et surtout pour ne pas se faire attraper. Et s'il y a des Algériens suffisamment naïfs pour se faire avoir, c'est parce que la pratique est d'un tel volume qu'elle s'est banalisée. Tellement banale que les «clients»ne sont pas toujours de petits roublards cupides qui se font rouler par plus fort. Ils peuvent être maintenant de braves pères ou mères de famille qui pensent que donner «son café» à quelqu'un pour leur débrouiller un logement est quelque chose de tout à fait normal. Et donc… légal. Normal et légal au point où ils vont avec beaucoup d'aplomb déposer plainte quand ils sont bernés ! Et ils ont raison, puisqu'ils ne sont jamais inquiétés par la justice et la police. Passe encore qu'elles ne coffrent que de «vrais escrocs faux corrompus», elle ne va pas se mettre à inquiéter des… victimes, non ? S. L.