Barmak Akram est venu � Alger pour l�avant-premi�re de son film. Le r�alisateur afghan veut faire du nouveau cin�ma et casser les canons hollywoodiens. Comment retrouver une femme dont on n�a vu qu�un tout petit grain de beaut�, tout au bout de la cheville ? �Et pourtant, il tourne !� Barmak Akram a tourn� son film Kabuli Kid dans le Kaboul d�aujourd�hui ravag� par des guerres qui n�en finissent pas. Le r�alisateur afghan �tait pr�sent lundi soir � la salle El-Mouggar, � Alger, � la s�ance de projection de son film. �Merci d��tre venus ! M�me si une seule personne regarde mon film, je serai content et si un seul d�entre vous verse ne serait-ce qu�une seule larme, il aura servi � quelque chose�, a d�clar� Akram quelques minutes avant le d�but de la projection. Concernant la qualit� de son long m�trage de fiction, il a pr�f�r� r�pondre par une citation d�un sage persan : �Le meilleur parfum est celui qui sent bon de lui-m�me, pas celui dont le parfumier dit du bien.� Khaled est chauffeur de taxi � Kaboul. Une femme en burqa monte dans son taxi. Elle descend quelques kilom�tres plus loin. Un autre client monte dans le taxi. Khaled conduit vite pour pouvoir rentrer chez lui avant le couvre-feu. �Doucement, vous venez de r�veiller votre enfant�, lui dit l�homme assis � l�arri�re de la voiture. Ce b�b� n�est pas son enfant. C�est la femme en burqa qui l�a oubli�, ou plut�t abandonn�. Khaled veut rendre le b�b� � sa m�re, mais comment la retrouver et la reconna�tre dans une grande ville o� presque toutes les femmes portent la burqa. Il a, toutefois, un minuscule indice : la femme a un grain de beaut� sur l�extr�mit� de son pied gauche. La cam�ra de Barmak Akram nous prom�ne dans la ville de Kaboul. La guerre, comme partout ailleurs, apporte la mis�re. Mais il existe des gens sans scrupules qui en profitent pour s�enrichir. La voiture passe devant un immeuble en construction. �Il s�est enrichi avec l�argent de la guerre�, fulmine Khaled. L�, nous voyons des enfants qui jouent avec des douilles �parpill�es un peu partout. Ici aussi, il y a des gens qui vendent et ach�tent dans la rue des devises �trang�res comme le dollar et l�euro. On rencontre aussi des types � l�air pas �catholique� du tout, comme ce jeune drogu�, avec le drapeau am�ricain sur la poitrine. La rumeur parle aussi de trafiquants d�organes humains qui enl�vent des enfants. Khaled, avec ironie, dit un jour � son p�re : �Nous avons dans� sur les rythmes de la musique russe, puis sur la musique pakistanaise et, bient�t, nous allons danser le rock and roll.� La musique afghane que Khaled �coute beaucoup ressemble � la musique hindoue. Le film Kabuli Kid est en version originale, avec sous-titrage en fran�ais, except� quand une Fran�aise et un Fran�ais, membres d�une ONG, parlent dans la langue de Voltaire. Khaled a donn� le pr�nom de Massoud au b�b� abandonn� dans son taxi. Sa m�re s�appelle Malala�. Les deux pr�noms sont un choix volontaire d�Akram, r�alisateur, sc�nariste et compositeur de la musique du film. D�ailleurs, il compose des musiques de chansons du chanteur fran�ais Mathieu Ch�did et de la chanteuse anglaise d�origine indienne Susheela Raman. �Massoud, c�est un clin d��il au commandant Massoud. Malala� est le nom d�une sorte de Jean d�Arc afghane qui a combattu les Anglais. Nous avons mis les Anglais dehors. Nous avons aussi mis les Sovi�tiques dehors et si les Am�ricains restent chez nous, c�est le petit Massoud qui va les mettre dehors�, a promis Barmak Akram, apr�s la projection. Le r�alisateur afghan est adepte du �nouveau cin�ma� et voudrait se d�marquer du cin�ma commercial qu�il a qualifi� de �hamburger�. �J�aime les films qui font r�fl�chir et dans le nouveau cin�ma, la fin est ouverte et chacun peut interpr�ter les choses � sa mani�re. Ainsi, quand vous allez rentrer chez vous, vous allez encore penser � son contenu�, a-t-il soulign�. N� � Kaboul en 1966, Akram est r�alisateur, sc�nariste, compositeur et chef op�rateur. En 1981, apr�s l�invasion sovi�tique, il s�est install� � Paris comme r�fugi� politique. Passionn� pour les arts visuels, le cin�ma et les beauxarts, il a en poche plusieurs dipl�mes dans ces sp�cialit�s. Dans un autre domaine, il essaie d�explorer la richesse instrumentale et la po�sie de la culture persane. Barmak Akram a d�j� r�alis� plusieurs documentaires. Kabuli Kid (L�enfant de Kaboul) est son premier long m�trage de fiction. La s�ance de projection du film � la salle El-Mouggar a �t� organis�e par l�Office national de la culture et de l�information (ONCI), en collaboration avec la Eurl Kinomax (distribution de films cin�ma) et UniFrance.