Le Fonds monétaire international (FMI) l'avait souligné. Le ministre des Finances ne fait que confirmer. Le confortable matelas de réserves de change ne fait que fondre. En 2022, elles chuteront à 34 milliards de dollars, couvrant moins de 5 mois d'importation avant d'atteindre 12 milliards de dollars en 2023, ce qui suffira à n'assurer que 3 mois d'importations. Les spécialistes recommandent de réfléchir rapidement à «un nouveau mode de consommation». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Les perspectives de l'économie algérienne n'ont jamais été aussi sombres. Le ministre des Finances l'avoue. Les réserves de change atteindront en 2019 le seuil de 62 milliards de dollars, un montant qui suffira à couvrir les importations durant 13 mois seulement. La chute se poursuivra pour frôler les 33,8 milliards de dollars en 2021, de quoi assurer 8 mois d'importations seulement. Présentant le projet de loi de finances 2019 devant les députés, Abderrahmane Raouiya assurait également que le Fonds de régulation des recettes sera totalement vide entre 2018 et 2021. Le FMI avait prédit un scénario identique. En juillet dernier, son rapport prédisait que la croissance allait ralentir très fortement dès 2020, provoquant une augmentation du taux de chômage. Le FMI tablait également sur la persistance des déficits budgétaires mais surtout des déficits externes réduisant la marge de manœuvre de l'Algérie. Dans son rapport, le FMI note que «l'augmentation de la liquidité va stimuler la demande, ce qui se traduira par une hausse des prix à court terme en raison de l'insuffisance de l'offre intérieure et des possibilités d'épargne. Dans le même temps, le durcissement des barrières à l'importation risque d'alimenter les pressions inflationnistes en réduisant l'offre – voire en débouchant sur des pénuries pour certains produits. Les attentes en matière de salaire et de prix pourraient s'ajuster rapidement et se renforcer mutuellement. Les autorités pourraient alors se trouver obligées de recourir au financement monétaire au cours des années suivantes, ce qui risquerait d'entraîner l'économie dans une spirale inflationniste». Est-ce une fatalité ? Dans une tribune publiée par Abderrahmane Mebtoul, le docteur en économie préconise d'éviter à tout prix de vivre de l'illusion de la rente éternelle et penser en urgence, pour des raisons de sécurité nationale, à un nouveau modèle de consommation énergétique mais surtout à une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, supposant de profondes réformes structurelles car, estime-t-il, le statu quo et l'immobilisme conduiraient forcément à l'épuisement des réserves de change à l'horizon 2022. Que fait le gouvernement ? Il tente d'élaborer des stratégies en optant, d'un côté, pour la planche à billets tant décriée et, d'un autre côté, il multiplie les stratégies pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Les exportations hors hydrocarbures de l'Algérie sont dans une phase «ascendante», assure Algex. Elles ont atteint le seuil des 2 milliards de dollars durant les huit premiers mois de 2018. Elles pourraient se situer à 3 milliards de dollars, à la fin de cette année. Un montant loin de constituer une alternative aux hydrocarbures dans un contexte fait d'incertitudes sur le prix du baril. N. I.