Les professionnels de la santé tirent, encore une fois, la sonnette d'alarme sur l'abus des prescriptions et de la consommation des antibiotiques. La résistance aux antibiotiques inquiète les professionnels de la santé qui craignent de se retrouver prochainement dans une impasse thérapeutique. Pour éviter d'en arriver là, le ministère de la Santé a mis en place un plan national stratégique de lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Les antibiotiques qui ont révolutionné le monde de la médecine représentent, aujourd'hui une menace devant leur surconsommation. Les professionnels de la santé ne cesseront jamais de répéter que les antibiotiques, ce n'est pas automatique. Pourtant, l'abus dans les antibiotiques et les antimicrobiens en général est plus que jamais inquiétant. Réunis, hier, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, les experts ont, une nouvelle fois, tiré la sonnette d'alarme avant d'arriver à une impasse thérapeutique. D'autant qu'il n'existe pas de nouvelles molécules. Le produit ne semble pas intéresser les industriels pour lancer de nouvelles recherches. Le docteur Mohamed Youcefi, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik et membre de la Société algérienne d'infectiologie a indiqué que l'utilisation des antibiotiques aujourd'hui est «anormale». Le pire, dit-il, on retrouve des antibiotiques même dans nos assiettes avec leur utilisation pour l'engraissement du bétail. «Nous avons des produits d'une durée de vie de vingt ans, mais suite à cette utilisation abusive, nous rencontrons des résistances au bout de deux à trois ans, c'est inadmissible car aujourd'hui, nous sommes en train de revenir, dans certains cas, aux anciennes molécules», a indiqué le docteur Youcefi qui a souligné que le taux de résistance varie d'une maladie à une autre. Ainsi, dans les maladies nosocomiales, la résistance aux antibiotiques est de 95%. Elle inquiète aussi beaucoup plus dans les maladies comme la tuberculose et le VIH. L'intervenant a rappelé que nous avons une loi qui interdit la vente des antibiotiques sans ordonnance. Pourtant, cette loi qui a inscrit les antibiotiques sur la première liste des produits qui ne doivent être vendus que sur ordonnance n'est pas appliquée. Les experts qui appellent à davantage de sensibilisation pour le bon usage des antibiotiques ont alerté que l'usage inapproprié de ces médicaments mettent tout le monde en danger, et ont rappelé que très peu d'antibiotiques ont été produits depuis une vingtaine d'années. La résistance à ce médicament engendre aussi, selon les experts, des traitements et des durées d'hospitalisation plus longues, l'augmentation du nombre des décès liés aux infections et des frais de médicaments plus chers. Selon le professeur Tali Maâmar du comité national multisectoriel de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, un plus grand nombre d'échecs thérapeutiques a été constaté dans de nombreuses maladies. L'OMS, dit-elle, a donné l'alerte depuis 2014 pour dire que d'ici 2015, le nombre de décès liés à la résistance aux antimicrobiens dépassera de loin le nombre de décès liés au cancer. Actuellement, 700 000 décès liés à l'abus des antibiotiques sont enregistrés annuellement dans le monde. Pour minimiser les dégâts, le ministère de la Santé a mis en œuvre un plan national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, établi par un comité multisectoriel qui regroupe 13 secteurs. Rougeole 23 000 cas signalés et 16 décès enregistrés depuis le début de l'année L'Algérie a enregistré 23 000 cas signalés de rougeole et 16 décès depuis le mois de janvier dernier. C'est ce qu'a déclaré, hier, le directeur de la prévention au ministère de la Santé. Le docteur Fourar impute cette situation à l'échec de la campagne nationale de vaccination lancée en 2016. Cette campagne, a-t-il rappelé, a enregistré 45% de taux de couverture au lieu des 95% attendus. S. A.