Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, semble devenir la nouvelle terreur des grandes compagnies d'internet comme Google, Amazon et Facebook. Le ton très menaçant de son intervention lors du Web Summit qui s'est tenu la semaine dernière à Lisbonne annonce une escalade dans la guerre économique des géants de la Silicon Valley avec l'Union européenne. L'ex-ministre danoise de 50 ans s'est directement adressée aux entreprises du secteur de la technologie pour leur affirmer que «le temps est fini» pour elles pour continuer à échapper aux règles de la concurrence du monde numérique applicables au monde hors-ligne. Il convient de rappeler que la commissaire européenne à la Concurrence n'est pas à son premier coup de gueule contre les compagnies d'internet. En juillet dernier, elle a infligé à Google une amende record de 4,34 milliards d'euros, pour avoir enfreint les lois sur les monopoles en obligeant les fabricants de téléphones à installer des applications Google sur leurs terminaux. La réaction de Google ne s'est pas fait attendre. Le propriétaire du moteur de recherche le plus populaire dans le monde va désormais faire payer aux fabricants de smartphones des frais de licence pour pouvoir installer son magasin d'applications Google Play sur leurs terminaux. C'est ce qu'on appelle «répondre aux règles du fisc par celles du marketing des données digitales». Prenant la parole au Web Summit, Vestager a exposé sa vision sur le «statut économique» des données. Pour elle, les données ont toujours été présentées comme le «nouveau pétrole», mais les compagnies qui les génèrent ou les transportent ne savent toujours pas comment gérer leurs ressources digitales lorsqu'elles deviennent abondantes, et donc génératrices de beaucoup de revenus. «Lorsque les entreprises forment un cartel de données, il peut être très difficile pour quiconque de leur faire concurrence. Et sans concurrence, les consommateurs ne sont pas bien servis. L'impact sur les entreprises et la démocratie pourrait alors être désastreux», a-t-elle clamé. La réputation de Vestager a traversé l'Atlantique. Plusieurs médias US ont rapporté les propos du Président Donald Trump s'adressant au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, au dernier G7 : «Votre Tax Lady… elle déteste vraiment les USA.» La réaction de la Ccommissaire aux critiques de Trump est sans appel : «Les règles de la concurrence sont les meilleures alliées de l'innovation.» F. F.