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Google n'est pas au bout de ses peines
Accusé de monopole sur la recherche internet
Publié dans Horizons le 25 - 03 - 2015

Google est l'objet de poursuites en Europe et aux Etats-Unis pour ses pratiques de référencement favorisant ses liens et services au détriment de ceux de la concurrence. Par la maitrise des technologies de « ranking » dont son patron détient les brevets, Google s'impose effectivement au sommet de la hiérarchie mondiale de la recherche sur le net. Inventé par Larry Page, cofondateur de Google, qui en détient le brevet, le système de « PageRanknote ou PR est l'algorithme d'analyse des liens concourant au système de classement des pages Web utilisé par le moteur de recherche Google. Il mesure quantitativement la popularité d'une page web. Le PageRank n'est qu'un indicateur parmi d'autres dans l'algorithme qui permet de classer les pages du Web dans les résultats de recherche de Google », lit-on sur l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Ce « privilège » technologique a été intelligemment transformé en avantage concurrentiel sur le marché de la recherche de données et de fichiers sur internet, au point où Google est devenu incontournable pour toute quête d'information sur le net, faisant de lui un intermédiaire si fourni en informations sur ses utilisateurs, leurs profils et habitudes de navigation et de consommation, qu'il a fini par imposer, également, ses propres services, dans une sorte de concomitance préjudiciable à ses concurrents. Il est justement accusé de favoriser ses propres services dans l'affichage des résultats de recherche, recourant à des techniques de référencement qui donnent la priorité à ses services, même si ceux des concurrents offrent de meilleurs résultats et une plus grande utilité aux utilisateurs. Poursuivi aux Etats-Unis par le régulateur, la FTC, il obtient, en 2013, une issue inespérée lorsque la FTC décide de refermer le dossier de ces poursuites sans lui imposer de sanctions. « Suite à de longs mois d'enquête, le régulateur américain du commerce (FTC) avait finalement conclu un accord avec Google dans le cadre d'une plainte pour abus de position dominante. Aucune mesure contraignante n'avait été prise à l'encontre du géant de la recherche », rapporte le site français zdnet.fr qui précise un peu plus loin que « cette décision ne signifie pas que les pratiques de Google dans la recherche en ligne aient été jugées par les enquêteurs de la FTC comme saines sur le plan concurrentiel. » Cette hypothèse sera finalement démontrée cette semaine, par le Wall Street Journal, qui a eu l'opportunité d'avoir entre ses mains un rapport « transmis par erreur », par la FTC qui détaille les éléments à charge récoltés par les agents de la FTC, et contenus dans un rapport produit en 2012, confirmant bien le géant de la recherche Google a bien été coupable d'un « réel préjudice aux consommateurs et à l'innovation" en abusant de sa position dominante », note le site français numerama.com. Dans ce document de près de 160 pages, les limiers de la FTC ont déposé les conclusions d'analyse de plus de 9 millions de documents obtenus de Google et de ses concurrents, confirmant bien le préjudice causé par le monopole de Google à ses concurrents. Malgré tout cela, et, souligne numerama.com, « d'une façon totalement incompréhensible qui trahissait la démission des autorités de régulation face aux géants commerciaux, la FTC décidait pourtant d'abandonner l'essentiel des accusations antitrust et de signer un accord a minima avec Google. »
abus de position dominante
L'enquête fait, en effet, ressortir des preuves concrètes qui attestent bien « que Google avait, effectivement, donné artificiellement plus de poids à ses propres services par rapport à ceux de ses concurrents, dans les résultats du moteur de recherche principal, utilisé par plus de 65 % des Américains et près de 95 % des Européens », poursuit ce site qui ajoute que Google y recourt même « lorsque les services concurrents étaient pourtant plus intéressants ou plus efficaces. » Des cas concrets d'abus de cette position dominante pour imposer ses propres services sont recensés par les enquêteurs de la FTC, à l'image de cette pratique relevée par le rapport de la FTC, soulignée par le site ITWorld, dédié aux nouvelles technologies, repris par numera.com : « Si un site de comparaison de marchands d'un concurrent aurait dû être classé plus haut (dans les résultats de recherche), par exemple, Google Shopping était parfois placé au-dessus de lui. Et lorsque Yelp était considéré comme un résultat plus pertinent, Google Local apparaissait au-dessus ». D'autre part, les agents de la FTC notent un autre grief à l'encontre de Google qu'ils accusent d'exploiter les fruits du travail et de l'innovation des concurrents. Il aurait ainsi exploité « les sites de ses concurrents pour renforcer ses propres services, et ainsi permettre aux internautes de ne pas aller voir ailleurs », révèle numerama.com qui évoque, également, la pratique de Google consistant à utiliser « les classements des ventes dans Amazon pour influencer ses propres classements de produits ». Tout ceci a donc fini par convaincre les enquêteurs du régulateurs américain que Google a bel et bien « utilisé son pouvoir de monopole sur la recherche pour extraire les fruits des innovations de ses rivaux », d'après le rapport de la FTC qui note par ailleurs que le moteur de recherche présente toutes les caractéristiques « d'une entreprise travaillant dans l'objectif global de conserver sa part de marché en fournissant la meilleure expérience utilisateur ». Il ajoute, néanmoins, que, ce faisant, Google s'adonnait à « des tactiques qui résultaient dans un tort causé à beaucoup de concurrents verticaux, et qui ont probablement contribué à enraciner le monopole de Google sur la recherche et la publicité ». La réaction du géant de la recherche ne s'est pas fait attendre puisqu'il a tenu à axer sa riposte sur le fait que tout cela est du passé du moment que la FTC a décidé de remiser tout cela au placard. Ceci est effectivement vrai mais n'empêche pas de rouvrir le débat déclenché depuis notamment l'ouverture d'une même procédure en Europe suite à une plainte pour abus de position dominante. Là aussi, depuis 2010, Bruxelles tente de mettre un peu d'ordre et de ramener Google à de meilleures pratiques, au moment où il lui est reproché selon le site du quotidien économique français latribune.fr « principalement de mettre en avant ses propres services au détriment des autres moteurs de recherche spécialisés, par exemple des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia ou lastminute.com. »Une foule de petits opérateurs de l'internet et même Microsoft ont allumé le feu de cette plainte dans l'espoir de voir s'instaurer une saine concurrence sur le marché de l'accès aux informations sur le net. Le Parlement européen est allé plus loin en votant, en novembre dernier une motion appelant à scinder Google en deux entreprises distinctes. « Le vote est sans appel. Par 384 voix contre 174, le Parlement européen a adopté une motion qui propose, entre autres, de scinder Google en deux. Cette mesure choc vise, en fait, tous les moteurs de recherche mais avec plus de 90 % des parts de marché, c'est essentiellement le géant de Mountain View qui est visé », peut-on lire sur le site de la télévision française www.france24.com qui s'explique cette démarche par le fait que Google « use et abuse de sa position dominante dans la recherche sur l'Internet pour promouvoir ses autres services au détriment de la concurrence. » Le vote du Parlement européen n'aura aucun impact concret sur l'affaire conduite par la Commission européenne contre Google, mais traduit une volonté des parlementaires européens de « donner un nouvel élan à la procédure entamée il y a plus de quatre ans par l'Union européenne pour examiner si Google n'enfreint pas la législation européenne sur l'abus de position dominante », souligne france24.com relate les dernières péripéties de cette affaire qui semble, écrit-il, « s'enliser ». Après un échanges de propositions entre les deux parties, un accord à l'amiable était envisagé au printemps dernier, avant que des réactions des concurrents de Google ne poussent le commissaire européen à la concurrence de l'époque Joaquin Almunia, à décider de rouvrir l'enquête en septembre dernier. « Depuis, la Danoise Margrethe Vestager a repris le poste au sein de la Commission Juncker et elle a fait savoir qu'elle allait prendre du temps pour décider de la suite à donner à cette affaire », note le site de la télévision française qui lie cela au fait « que les promoteurs de la motion parlementaire craignaient de devoir attendre l'arrivée des calendes grecques. » Dans l'intervalle, les responsables de Google ne sont restés les bras croisés, à l'image d'Eric Schmidt parti, en octobre dernier en Allemagne, pays où l'hostilité au moteur de recherche américain est la plus prononcée, pour dire que la concurrence est toujours là et que les internautes ont bel et bien le choix. Dans un pays où des membres du gouvernement n'ont eu de cesse de demander le démantèlement du géant américain de la recherche, le patron de Google a choisi de parler « des nombreuses fenêtres » offertes aux usagers sur le net, et de porter le débat sur Amazon, qu'il présente comme principal concurrent de Google. Le site du quotidien économique français latribue.fr rapporte que le premier argument du patron de Google a été de mettre en avant les « 1.100 personnes employées en Allemagne et les 200 millions d'euros investis sur place l'an dernier. Avant d'entrer dans le vif du sujet, sa position dominante dont il abuserait ».
La riposte de google
Le patron de l'exécutif de Google reconnait le poids de son entreprise dans la technostructure de l'internet mais rejette toute idée de monopole, au motif, avance-t-il, repris par latribune.fr que « la découverte d'information prend de nombreuses formes car il existe de nombreuses fenêtres sur le Web ». Il cite pour cela l'exemple d'une publication allemande Bild, « dont 70% du trafic provient des accès directs, les internautes l'ayant ajouté en favori ou tapant l'adresse dans le navigateur, sans passer par le moteur, lequel représenterait un peu plus de 10% du trafic, presque autant que les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter, selon latribune.fr. Schmidt fait également référence à un petit moteur de recherche français, lorsqu'il affirme que pour acheter « une tente de camping par exemple, il y a Google, Bing, Yahoo ou le nouveau moteur de recherche français Qwant ». Une façon de mettre en avant l'idée d'une concurrence réelle, tout en faisant un clin d'œil à l'éditeur allemand Axel Springer qui a pris une participation de 20% dans ce moteur de recherche et qui, selon latribune.fr « a multiplié les prises de parole sur la domination de Google, comparé à « une araignée aux commandes de la Toile » par le patron Mathias Döpfner ». Quant à l'idée d'imposer une régulation sur ce marché, comme le réclament beaucoup de ses concurrents ainsi que de nombreux politiques, notamment en Europe, Eric Schmidt a cette réponse claire, reprise par latribune.fr : « La réalité est que Google fonctionne très différemment d'autres entreprises ayant été qualifiées de « point d'entrée » ou de « contrôleur », et régulées comme telles. Nous ne sommes pas une compagnie de ferries. Nous ne sommes pas une société de chemin de fer. Nous ne sommes pas un réseau de télécommunications ou d'électricité qui soit le seul à raccorder votre maison, sans qu'aucune concurrence ne soit possible. Personne n'est forcé de recourir à Google. »


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